Qu’on le veuille ou non, la balle, perdue
ou non, du 13 Octobre 2012 a mis fin à la constitution de façade
mise en place en 1991 par l’ancien Chef de l’Etat Mu’awiya Wul Sid’Ahmed Wul
Taya’ et soutenue par une élite politique faute d’un mieux que cette dernière n’a
jamais sérieusement cherché à imaginer. La constitution continue, cependant, d’être
évoquée par tous les acteurs politiques comme s’il s’agissait d’un document
fondateur auquel tous sont attachés sans que personne n’est le courage de dire
que le pays n’a tout simplement pas de constitution et qu’il est temps que les « forces
vives » aient comme priorité d’un rédiger une suivant les règles communément
admises et récemment suivies dans les pays arabes en transition vers la démocratie
comme la Tunisie, l’Egypte et la Lybie.
Parce que le papier qui tient lieu de
constitution a été rédigé à la seule fin de plaire au prince du moment, il a bien
évidemment avalisé la situation de fait depuis l’indépendance que le Chef de l’Etat
détient tous les pouvoirs mais a aussi omis le cas d’empêchement provisoire de
celui-ci, un crime de lèse-majesté à son Omniprésence, que nos
constitutionalistes attitrés ont malicieusement évité. Aussi, Muhammad Wul ‘Abd
al-‘Aziz, qu’on le veuille ou non, reste « constitutionnellement » le
Président de la République, si république il y a, même s’il est cloitré quelque
part dans un endroit inconnu, sans qu’on sache quand and comment il
apparaitra de nouveau pour diriger à sa
guise les affaires de « son Etat. » Cette situation ne semble pas déranger
outre mesure les divers fondés de pouvoir public, à commencer par « la
grande muette » dont la chaine de commandant ne parait pas souffrir de l’absence
de son commandant en chef. Les chefs militaires paraissent se suffire des
ordres de leur chef d’état major, le Général
Muhammad Wul al-Ghazwani qui devient de facto le commandant en chef des forces armées,
un poste qui se confond dans l’entendement général avec celui de Chef de l’Etat.
La rumeur ne s’y est pas probablement trompée en suggérant que le Général al-Ghazwani
assure de facto l’intérim du Chef de l’Etat, lui-même ancien Général, fondateur
de ce conseil des Généraux, appelé Haut Conseil d’Etat, qui s’est substitué « constitutionnellement »
au président sans grade militaire « accidentellement élu» dont la vacance a
été forcée mini-militari.
Et ce n’est pas le réveil tardif de Mes’ud
Wul Bulkeir qui s’accroche a un mandat périmé de député et de Président de l’Assemblée
Nationale qui peut changer quelque chose a ce vide « non-constitutionnel ».
Il peut certes se prévaloir de sa « gazra » à la chambre basse pour faire
du bruit mais il ne saisira pas le Conseil constitutionnel dont la
jurisprudence a pourtant déjà constitutionalisé un coup d’Etat au nom de l’impossibilité
de la vacance même momentané du pouvoir. Mes’ud a obtenu sa part du gâteau et
il tient désormais à cette stabilité de façade qui lui permet de se la couler
douce au moment ou ses anciens amis continuent de subir les affres de l’opposition.
D’ailleurs, même s’il s’oubli pour un moment dans ses délires d’ex-opposant et
saisit le Conseil constitutionnel, Sghair Wul M’Bareck ne ratera pas l’occasion
de rabrouer son ancien concurrent dans la mouvance al-Hur, à moins que l’inconnu
détenteur réel du pouvoir ne lui ordonne autrement.
Mais qui est donc le détenteur réel du
pouvoir? Les regards se tournent vers le Général al-Ghazwani qui assure de
facto l’intérim de son ami et mentor depuis le coup du 6 Aout 2008. Mais l’intérimaire
dans l’esprit des Mauritaniens n’hérite pas forcement le pouvoir du titulaire. Au
contraire, il n’est la que pour gérer la routine en attendant que l’ordre
revient a la normale. Il n’est, des lors, pas certain que le plus gradé de notre
armée nationale ait les mains libres pour afficher un pouvoir quelconque. D’autres
probablement le surveillent, prêts à contrecarrer son action s’il lui arrive de
« faire le malin ». Les soubresauts de Mes’ud et l’alerte au sein de
la puissante coterie de ‘Aziz indiquent un émiettement, espérons momentané, du
pouvoir du Chef de l’Etat. Des forces occultes s’observent en silence dont l’affrontement,
jusque la contenu, risque de s’accentuer à mesure que dure la vacance du
pouvoir présidentiel et qu’augmentent les incertitudes autour de retour présumé
de son détenteur « constitutionnel ».
Et comme un malheur n’arrive jamais seul,
cet équilibre informel et instable au sommet de l’Etat, se conjugue avec des mouvements
de guerres aux frontières de notre pays qui sont porteurs de risques majeurs d’instabilité
régionale et dont la Mauritanie ne peut s’en soustraire. Aussi Prions pour qu’’Aziz
se rétablisse rapidement ou qu’un autre l’évince rapidement pour que notre pays
retrouve sa normalité, en espérant, que la
balle, perdue ou non, du 13 Octobre 2012 aura servi à éveiller la conscience
sur les périls de gouverner sans prévoir.
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