Friday, September 27, 2013

Aristocratie militaire en gestation



J’ai lu une information sur le site Essiraj http://www.essirage.net/index.php/news-and-reports/13783-2013-09-27-08-12-37.html selon laquelle Ould al-Ghazwani et ses compères a la tête de la hiérarchie militaire ont non seulement coopté leur propres fils aux grades supérieurs de l’armée mais aussi les préparent à leur succession en leur réservant les meilleures bourses de formation a l’étranger.  Une aristocratie militaire est entrain de prendre forme malgré les origines maraboutique de son designer. L’armée républicaine, modèle de méritocratie et de mobilité sociale, n’est pas pour demain et avec elle la démocratie, la justice sociale et l’état de droit car une aristocratie par définition, n’a au plus que paternalisme pour le peuple, si ce n’est arrogance et dédain.  Au moment ou notre classe politique se prépare a un dialogue national inclusif, ce genre de pratiques est une insulte aux hommes de conscience.

Monday, April 29, 2013

Ma lettre au President


A Monsieur le Président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz

Depuis quinze ans, je me bats pour la réhabilitation du Lycée National. Je dédis le gros de mon temps,  en dehors des mes obligations familiales et professionnelles, a ce combat que je crois utile a mon pays. Notre capitale mérite, a mon avis, un grand lycée dans lequel un nombre significatif de jeunes Mauritaniens, pas nécessairement ceux qui en ont les moyens financiers et les dispositions sociologiques, accèdent a une éducation secondaire de qualité. Je crois aussi que le Lycée National, de part son emplacement, son histoire, et la place qu’il occupe dans le cœur de beaucoup de ceux qui l’ont fréquenté, peut tout à fait jouer ce rôle. Mais une main invisible s’acharne à le détruire comme elle l’a fait pour un autre symbole (le lycée de Rosso) de l’école Mauritanienne postindépendance.

Je vous écris parce que je sens que vous êtes mon dernier recours face à cette main invisible que j’ai essayé de combattre de toutes mes forces sans succès. J’ai initié des pétitions et organisé des rencontres pour sensibiliser sur l’importance de réhabiliter le Lycée National dans l’espoir que des personnes d’influence, de votre entourage ou non, prennent le sujet a bras le corps et le place au centre des priorités de votre gouvernement. J’en ai parlé à votre Premier ministre, à vos ministres de l’Education nationale, à des députés de votre majorité et a beaucoup d’autres mais tous, malgré les encouragements d’usage, semblent se résigner au fait accompli.  

En 2011, sentant la fin proche du règne de Mu’ammar al-Ghadhafi, j’ai fait circuler une pétition demandant a votre gouvernement de dénoncer l’acte de cession du patrimoine foncier du Lycée National a la Libye et de rétablir cet établissement dans son domaine en rénovant ses infrastructures pour en faire, à nouveau, un pôle d’excellence. Bien que cette pétition fût signée par un nombre important de personnalités et d’acteurs de la société civile, elle est restée sans suite. Le gouvernement a toutefois repris le patrimoine foncier cédé a la Libye mais apparemment pour d’autres fins.

Le gouvernement aurait en effet lancé des appels d’offre pour la construction de bureaux administratifs pour une administration dont la prolifération des structures n’a apparemment pas de limite. Il s’agit d’une décision vraiment décevante, œuvre de bureaucrates plus intéressés à élargir leurs bureaux pour élever leur statut qu’à servir des citoyens. Elle s’inscrit, de toute façon, en porte-à-faux par rapport a votre ordre en 2008 de transformer impromptue la résidence du Premier ministre, nouvellement rénovée et élargie, en clinique au profit des femmes et des enfants. Je vous demande, pour le seul bien des jeunes Mauritaniens et la crédibilité de l’Etat aux yeux des citoyens, d’ordonner l’arrêt immédiat de ce projet et la réaffectation de ses ressources a la construction d’infrastructure scolaires digne de ce nom sur le domaine initial du Lycée National.

Monsieur le Président,
Vous ferez du bien a votre pays en permettant la construction au cœur de la capitale d’un grand établissement d’enseignement secondaire ou mille a deux milles élèves de toutes les régions, ethnies et couches socio-économiques de la Mauritanie viendront passer trois ans pour s’instruire mais aussi se connaitre and lier ces amitiés d’enfance qui résistent aux frustrations de la vie. Notre pays a besoin de former une élite du future bien éduquée et capable de se comprendre et de travailler ensemble pour le bien commun. Il n’y a pas mieux que le cœur de notre capitale, prés des quartiers administratifs et des centres de décision, pour incuber cette élite du future qui constitue le seul rempart a la désintégration sociale qui menace notre pays.

Monsieur le Président,
Il faut finir et le plus vite avec notre modèle d’éducation actuel qui érige une ségrégation de fait entre riches et pauvres, mais aussi et peut être surtout entre les différentes composantes de notre peuple avec les conséquences que chacun peut deviner sur le futur de la cohésion du tissu social. Une ségrégation qui s’ajoute a une autre, encore vivace, produite par la reforme de 1979 qui a placé la question de l’identité ethnique et des langues nationales au cœur du débat sur l’éducation, rendant ce dernier plus sentimental et idéologique que rationnelle et méthodique et reléguant la question importante de l’offre d’une éducation de qualité aux oubliettes. C’est ainsi que depuis 1979 pas un grand établissement d’enseignement secondaire digne de ce nom n’a été construit dans notre pays. La profession d’enseignant a été avilie et l’acquisition des savoirs a cessé d’être un moteur de développent et de promotion sociale. Le système éducatif s’est progressivement transformé en machine de production d’analphabètes ou d’alphabètes incapables de s’insérer des les circuits modernes de production de la valeur. Il a en outre produit une élite fragmentée, incapable de s’entendre sur des normes et procédures communément admises pour la de gestion des conflits et la sauvegarde des équilibres sociaux et économiques.

Monsieur le Président,
Il est temps de s’occuper sérieusement de notre jeunesse et lui offrir les outils cognitifs qui lui permettent de dépasser la dichotomie entre tradition et modernité, langue nationale versus langue étrangère et moi versus les autres pour donner une chance aux Mauritaniens de se comprendre entre eux et avec les autres et de contribuer positivement au bien être individuel et collectif. La paix sociale et l’amitié entre les peuples en dépend. Cela est possible. Ce n’est certainement pas une question de moyens.

 En 1960, la Mauritanie était beaucoup plus pauvre que maintenant. Le budget de l’Etat et des ménages étaient loin, très loin, en nominal et en valeur des sommes faramineuses que les institutions publiques et les plus nantis de nos concitoyens brassent aujourd’hui. Pourtant, cela n’a pas empêché les autorités de l’époque de voir grand et d’investir en priorité dans le futur. Le Lycée National fut doté de plus grand domaine foncier de l’époque et parce que l’Etat ne disposait pas d’un corps d’enseignant qualifiés, des professeurs et des proviseurs ont été importés de l’étranger pour s’assurer que les jeunes Mauritaniens reçoivent une éducation qui n’a rien a envier a celle offerte dans la sous-région. Le résultat a été que les jeunes Mauritaniens ont excellé dans les universités régionales et réussi à intégrer les grandes universités occidentale jusqu’aux années 90 avant que la reforme de 1979 ne fasse ses effets dévastateurs sur l’école Mauritanienne.

Monsieur le Président,
Vous avez visité le Lycée National durant l’une de vos descentes sur le terrain et, je suis sur, constaté par vous-même l’état pitoyable des conditions d’études et d’encadrement dans cet établissement, devenu méconnaissable pour ceux qui l’ont fréquenté dans les années 80 et avant. Cela fait mal au cœur. Il est vrai que le Lycée n’est plus fréquenté par les enfants nantis de la capitale, ni même  de la petite class moyenne pour qui les prix exorbitants de ces établissements français et turcs sont inabordables. Personne ne s’aventure plus à envoyer ses enfants dans l’école publique que ceux qui n’ont pas d’alternative, les plus pauvres parmi les pauvres. Et ceux-là peuvent être laissés à leur triste sort ! 

Monsieur le Président,
On vous a déclaré le Président des Pauvres et beaucoup veulent bien y croire tant est grande la demande populaire pour des dirigeants qui prennent en compte, dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques, les besoins réels des populations. Sachez Monsieur le Président qu’aujourd’hui en Mauritanie, il n’est pas bien d’être pauvre et surtout enfant de pauvre tant les perspectives en matière d’éducation et de mobilité sociale sont presque inexistante. Et après on s’étonne du développent de l’extrémisme et de l’intolérance et les dérives violentes tant au niveau individuel que collectif observées ces dernier temps dans un pays ou il n’y a pas très longtemps les habitants dormaient dans la rue en toute tranquillité sans crainte d’être perturbés dans leur sommeil par quoi que ce soit a part les muezzins et les coqs au levée du jour.

Qu’Allah protège la Mauritanie.

Thursday, January 31, 2013

L’acharnement des autorités contre Wul Bu’amatu devrait nous laisser de marbre


L’élite politique et médiatique s’est encore une fois solidarisée avec un richissime homme d’affaire présenté comme un vertueux self-made man dont la fortune colossal est le fruit du labeur, comme si les Mauritaniens étaient tous des incrédules pour qui toute fortune, même mal acquise, est digne de respect et participe au développement du pays. Wul Bu’amatu n’est pas a ce que je sache parmi ses marchants vertueux, d'ailleurs inconnus chez nous qui se traquassent pour approvisionner les marchés locaux en denrées de première nécessité a des prix a la portée des petites bourses. Il ne se rappelle pas aussi a la conscience collective pour avoir investis dans des activités économiques génératrices de revenus pour un grand nombre de Mauritaniens. Si cela avait été le cas, beaucoup lui auraient témoigné leur sincère sympathie et soutien pour leur avoir permis de pourvoir à leurs besoins fondamentaux et sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de l’ignorance.

Mais les bienfaits de Wul Bu’amatu se limitent aux acolytes et aux complicités dans les entreprises criminelles de détournements et d’appropriation des deniers publics qui pullulent et dominent dans une société corrompue par l’argent facile mal acquise comme la notre. Aussi, les dirigeants des partis politiques et les « écrivains-journalistes » ont multiplié les déclarations publiques de soutien à l’homme contre ce qui est présenté comme un acharnement des autorités contre un acteur essentiel de l’activité économique. Même le parti Tawasoul dont l’orientation islamique aurait dû distancer des « mangeurs du riba (prêts usuriers)» auquel Allah a déclaré la guerre s’est mis de la partie. Il est vrai que son chef spirituel avait en son temps joué les bons offices dans une autre affaire ou d’eminents richissimes ont subtilisé des milliards a la collectivité et s’en sont sortis indemnes grâce a la solidarité de nos biens pensants qui tirent a boulets rouges quand l’un de leurs bailleurs de fonds a maille avec le pouvoir.

Wul Bu’amatu et nos hommes d’affaires en général ne méritent pas cette solidarité. Ils n’ont jamais véritablement crée de richesses mais plutôt utilisé les subterfuges de l’économie marchande pour extorquer des fonds colossaux a la collectivité parfois dans l’illégalité absolue, souvent au mépris de l’intérêt général. Dans les années 80, au moment ou les comités militaires, étranglés par la mauvaise gestion, enterraient les derniers restes de l’Etat-providence, sous les ordres rigides et sévères de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, Wul Bu’amatu arnaquait des pauvres gens, laissés a leur triste sort par un Etat qui n’était plus que l’ombre de lui-même, en organisant des loteries illégales ou des incrédules mal nourris achetaient ses sacs de bonbons, sans valeur nutritives, dans l’espérance de gagner un hypothétique billet pour les lieux saints. Wul Bu’amatu s’offrait a l’occasion les services d’un théologien pour la circonstance pour convaincre les incrédules qu’il s’agit d’une opération religieusement correcte, sinon de bienfaisante.

Wul Bu’amatu s’est ensuite investi dans la vente de substances nocives telles les cigarettes et les condiments mal fabriqués dans un pays dépourvu  de capacités institutionnelles pour réglementer le commerce et éviter que les marchands vereux ne vendent n’importe quoi a n’importe qui. Il a été en quelque sorte le précurseur de ces marchands sans scrupules qui amassent beaucoup d’argent en vendent des aliments et médicaments périmés ou même des stupéfiants, au mepris des dégats qu'ils causent a la collectivité. Probablement plus futés que ses concurrents, il a innové dans la promotion publicitaire et ce faisant a fait plus de dégâts que les autres en convaincant nos concitoyens de consommer maggi  en grande quantité et fumer beaucoup de cigarettes. L’endémie des cancers et maladies cardiovasculaires observée ses dernières années dans notre pays prouve tristement qu’il a réussi son commerce mais la collectivité croupit sous le poids des soins couteux et inexistant. Wul Bu’amatu est généreux d’après ceux qui le connaissent et donne volontiers de son immense fortune a ses acolytes et ceux dont il veut acheter la conscience mais a ma connaissance, il n’a pas utilisé une partie de ses profits pour construire des centres de santé ou même d’éducation contre les effets des substances nocives qu’il a contribué à répandre dans notre société.

Il a certes construit un hôpital pour les soins ophtalmologiques et je dois reconnaitre pour avoir visité cette installation pour soigner ma maman victime de ce qui apparentait comme une erreur médicale de l’un pourtant de nos célèbres professeurs, Sidi Ely Wul Ahmedou, a l’époque contractuel avec la dite clinique, que j’ai été impressionné par la qualité du service. J’ai même tenté de donner un tips  a l’agent de l’accueil tellement sa gentillesse et sa disponibilité contrastait avec l’humeur massacrante des agents de santé dans les installations médicales dans notre pays. Mais l’agent m’a poliment indiqué qu’il ne prendra rien. J’ai appris par la suite par l’un des associés de Wul Bu’amatu qu’il s’agit de consignes claires de la direction. L’image de l’homme d’affaire s’est considérablement améliorée a mes yeux mais le logo des grandes marques de cigarettes a l’entrée de la clinique était la pour rappeler que l’homme fait partie du réseau mondial de la vente de ces substances nocives, vilipendé dans les grands pays développés pour les dégâts qu’ils causent surtout parmi les plus démunis, mais qui se déploie a merveilles sur les espaces de misères ou la conscience du mal que les marchands de cigarettes causent a l’homme est encore peu développée.

Je sais que ni le directeur des Impôts, ni le Gouverneur de la Banque Centrale n’agissent pour l’intérêt général. La fonction publique a depuis longtemps cessé de défendre le bien commun et les hauts fonctionnaires, tout le monde le sait, allient généralement l’incompétence au service aveugle aux princes du moment, dans le cas présent, Mohamed Ould ‘Abd al-‘Aziz et la cohorte de ceux connus ou inconnus qui tirent les ficelles du pouvoir. Ould ‘Abd al-‘Aziz a apparemment un problème avec « son cousin » comme il en avait avec les hommes d’affaires impliqués dans l’affaire des dix sept milliards subtilisés a la banque centrale sans contrepartie. Il veut lui régler ses comptes, probablement plus pour l’intimider qu’autre chose, car dans notre pays, seuls les faibles et les pauvres payent pour leurs forfaitures. Les motivations de Ould 'Abd al-Aziz sont personnelles et n'ont rien a avoir avec l'interet général parce que sinon il n'aurait pas en 2009 descerné la medaille de chevalier de la legion d'honneur a un fraudeur du fisc comme le suggere le directeur des Impots. 

Mais si Ould ‘Abd al-‘Aziz veut règler ses comptes Wul Bu’amatu, cela devrait nous laisser de marbre. Il s’agit de ces coups que les associés dans la malfaisance se donnent aux moments de colère mais qui sont généralement vite oubliés quand les bons offices des bienpensants se mettent en jeux. Pour moi et les frustrés de ma sorte au regard de l’omerta qui entoure les détournements des biens publics et l’enrichissement illicite qui écrasent les pauvres et leur dénient l’espoir d’un monde meilleur — il suffit de voir l’état de nos écoles publiques — je savoure ces moments ou le Chef de l’Etat reprend d’une main ce que lui-même ou l’un de ces prédécesseurs a donné d’une autre, parce que tout simplement j’y sens une sorte de justice de la Providence qui nous rappelle que l’impunité, régit en valeur dans notre pays, n’est pas la règle naturelle et que, comme nous enseignent les Prophètes, Peace be upon them, chacun payera un jour de ses fautes, tôt ou tard.