Saturday, November 28, 2009

Qu'on ouvre la boita a Pandore

Le Président de la République a été élu par une majorité confortable de Mauritaniens auxquels il avait tenu durant la campagne électorale un discours singulier sur la gabegie et ses symboles. Le Chef de l’Etat promettait de sévir avec vigueur contre tous ceux qui ont participé à l’entreprise de sape organisée dont notre pays est victime depuis plusieurs décennies. Sa victoire avait montré qu’il lit mieux que ses opposants les aspirations du peuple et il est entrain de montrer aux plus sceptiques d’entre nous qu’il est capable de fausser les pronostics et déterminismes des grilles de lectures traditionnelles.

Malgré l’odeur de l’armistice avec les Roumouz soulevée par la nomination de lemrabot O Sidi Mahmoud et le peu de place accordé à la nouveauté dans le mouvement des ambassadeurs, force est de constater que le Gouvernement tente de bousculer les habitudes en frappant fort contre des hauts fonctionnaires sur lesquels pèsent de lourds soupçons de corruption et de détournements de deniers publics. Même s’il ne s’agit que d’un début, empreint de règlements de comptes et de liquidation d’opposants, l’entreprise est salutaire et mérite le soutien de tous ceux qui croient que les crimes économiques dont notre pays est victime ne peuvent être ni absous, ni prescrits sous aucun prétexte.

Le Président de la République est sur la voix de donner un sens réel à sa prise de pouvoir. S’il continue sur cette lancée avec courage, justice et détermination, son pouvoir se consolidera, le pays avancera sur des bases solides et l’Histoire lui retiendra d’être celui qui a stoppé cette course effrénée vers l’abîme individuel et collectif en cours depuis plusieurs décennies. S’il hésite, tempère et concède, ses ennemies ne lui donneront aucune chance et le pays redeviendra ce qu’il a presque toujours été, chasser le naturel, il revient au galop.

Ely Ould Mohamed Vall quand il présidait aux destinées du pays avait lui aussi discouru sur la gabegie, crée l’inspection Générale d’Etat, et nommé à sa tête un haut fonctionnaire du Ministère des finances dont beaucoup de monde disait du bien. Nous l’avons applaudi mais la montagne avait accouché d’une souris. L’affaire Zeidane ould Hmeida qui avait défrayé la chronique s’est avérée n’être qu’une de ces minables combines destinée à extorquer des fonds à des fins d’enrichissements personnels élicites. Le Président du CMJD a été incapable de fausser route a ses compagnons de fortune et s’est finalement résolu à les protéger avec une détermination dont le sens ne sera clair que quelques jours avant les élections présidentielles de 2007 dans sa sortie, désormais célèbre aux palais des congres devant des maires pétrifiés, a propos du bulletin blanc. En réalité, Ely n’avait aucune crédibilité pour entamer une action contre la gabegie et ses vecteurs tant il est lui-même fortement soupçonné d’avoir bâti sa fortune colossale par le jeu de la prébende et des passe-droits. Sous son règne, s’est imposée l’idée de la prescription des crimes économiques commis au temps de son prédécesseur avec la promesse non tenue que la transparence et l’efficacité de la gestion des deniers publics seront désormais de rigueur.

Le plus étrange est que ceux qui étaient sensés représenter les exclus et les victimes de la période sombre de l’histoire récente de la Mauritanie ont avalisé et soutenu cette idée au nom de la stabilité des institutions et des impératifs du développement économique. Ils se sont trompées, déçus leur base populaire et y ont perdus de la crédibilité tant il est clair qu’il ne peut y avoir de stabilité politique, ni de développement économique et sociale sans une lutte implacable et permanente contre la gabegie et ses vecteurs. L’argent mal acquis est la sève des associations de malfaiteurs. Il corrompt les valeurs, décourage la productivité et les investissements, et compte parmi les principaux facteurs de déstabilisation de notre pays. Prétendre qu’il peut être recyclé dans des activités productives, créatrices de valeur ajoutées et d’emplois décents n’est supporté par aucune recherche scientifique sérieuse, ni par l’expérience empirique des Nations. Cette prétention est donc non seulement sans fondements, elle est aussi moralement répréhensible et politiquement suicidaire pour les forces du changement.

L’argent mal acquis doit être asséché et au plus vite pour que le pays retrouve un semblant de normalité. Ceux qui le détiennent sont une malédiction pour la société. Ils doivent être poursuivis, punis et isolés pour l’exemple et pour lutter contre la récidive. Cela doit évidemment se faire suivant les règles du droit, avec toute la protection communément garantie aux présumés coupables.

Le défi sera de desceller dans un appareil judiciaire traditionnellement allié des prédateurs des biens publics, des juges capable de dire le droit. Nos magistrats et leurs auxiliaires, avocats et autres, ont très souvent été le moyen par lequel les personnes d’influence s’accaparent des avoirs publics. Peut-on leur faire confiance aujourd’hui pour trancher dans des affaires techniquement complexes, politiquement sensibles qui mettent en jeu d’énormes intérêts publics et privés ? Il est permis d’en douter.

L’essentiel reste cependant la détermination sans précédent de l’Etat a protéger son patrimoine et a s’attaquer a ceux qui se sont enrichis a ses dépens, mettant fin pour de bon a l’impunité et l’omerta qui entoure le pillage des ressources publiques. Il s’agit d’une étape décisive sur la voie de la reforme qui mérite d’être supportée a fond par tous ceux qui croient réellement a la nécessité de rompre avec la manière dont le pays a été gouverné jusqu'à présent.