Sunday, December 27, 2009

Il faut libérer Hanevi et reformer le secteur de la Communication

L’arrestation et la condamnation à six mois de prison ferme de Mr. Hanevi Ould Dahah, le rédacteur en chef du site Taqadoumy était une catastrophe pour la liberté de la presse dans un pays ou le leadership politique venait juste de signer un accord pour la solution d’une crise constitutionnelle qui a faillit mettre le pays au ban de la communauté internationale. Continuer à le détenir après la fin de sa sentence est un désastre pour l’état de droit et pour cette Mauritanie nouvelle à laquelle le Président de la République appelle depuis qu’il occupe le devant de la scène.

La liberté de la presse et la protection des journalistes sont fondamentales pour l’échange de l’information et la circulation des savoirs sans lesquels il ne peut y avoir de progrès durable dans un monde ou l’information et les medias sont au centre des dispositifs de création de la richesse et de développement humain. Les autorités concernées doivent immédiatement libérer M. Hanevi et s’interdire dans le futur l’arrestation et l’emprisonnement des journalistes et laisser a ces derniers le soin d’organiser leur profession et faire respecter la déontologie traditionnellement établie dans le domaine.

C’est l’occasion de rappeler que l’Etat dépense annuellement prés de trois milliards de nos ouguiyas pour sa communication publique et continue de s’accorder le monopole de l’audiovisuel sans que cela ne le dispense de l’utilisation des moyens coercitifs pour intimider les voix discordantes. C’est dire l’échec cuisant de sa politique de communication et la nécessite d’introduire des changements en profondeur dans le secteur pour :
1. diminuer de manière drastique le budget de communication de l’Etat en arrêtant de financer l’AMI, une agence sans intérêt dont la fonction est déjà largement prises en charge par des initiatives privées et en procédant a la privatisation de la TVM et de la radio.
2. donner à la HAPA les ressources techniques et financières et le cadre législatif et réglementaire pour gérer le secteur et faire respecter les règles de la concurrence et de la déontologie.
3. supprimer le ministère de la communication.

Le secteur de la communication dispose d’une réelle capacité d’autofinancement qui bien exploitée pourrait activer des gisements de productivité considérables et permettre la rémunération décente des journalistes tout en offrant l’opportunité de maitrise des technologies modernes de l’information et de positionnement sur un marchée régional en pleine expansion. Il serait triste que le Gouvernement sacrifie ces avantages indéniables sur l’autel de l’inertie et l’auto-préservation suivant des schémas archaïques de rétention de l’information et de diffusion de la propagande propres aux régimes dictatoriaux et d’exception.

Thursday, December 10, 2009

Déclaration

"Les deniers publics dérobés par esprit de lucre sont autant de ressources en moins pour la construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes et d’installations de traitement des eaux. Quant au détournement de l’aide extérieure, pour alimenter des comptes bancaires privés, il sonne le glas de grands projets d’infrastructure. Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies

Nous signataires de la présente déclaration, ressortissants mauritaniens vivant en Amerique du Nord, dont plusieurs se sont opposés au coup d’Etat du 6 Aout 2008 et combattu au sein des forces d’opposition pour le retour a l’ordre constitutionnel, affirmons, a l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption, notre adhésion pleine et entière a la campagne menée par les autorités constitutionnelles, a leur tête le Président de la République, contre la gabegie et les personnes impliquées dans les crimes économiques dont notre pays est victime depuis plusieurs décennies.

Ce soutien découle de notre foi que la Mauritanie ne peut faire l’économie d’un retour en arrière sur une période ou les ressources publiques nationales, les dons et prêts provenant de la coopération bilatérales et multilatérales ont servi principalement a enrichir des hauts fonctionnaires et des hommes d’affaires au lieu d’alléger la souffrance des pauvres, éduquer les enfants, soigner les malades indigents et aider les jeunes et les adultes a avoir des emplois décents, créateur de valeurs économique et de reconnaissance sociale.

Des générations entières de jeunes mauritaniens ont été laissées a l’abandon, sans éducation et sans espoir de vivre dignement au milieu de leur siens faisant d’eux des proies faciles pour les recruteurs des associations crapuleuses et terroristes. Beaucoup ont été forcés à un exil qu’ils n’ont jamais désiré. Des cadres de hauts niveaux se sont aperçus qu’ils n’étaient pas les biens venus dans leur propre pays et sont allés malgré eux mettre leurs capacités au service d’autres entités faisant perdre à l’Etat et la société une denrée rare dont ces derniers ont cruellement besoin.

Que le Gouvernement déclare son intention de sévir contre les symboles de la gabegie, d’en finir avec l’impunité et de recouvrer une partie de biens publics spoliés est en soit un acte de courage et de patriotisme. Qu’il commence par l’une des plus grosses affaires de malversation impliquant des hommes puissants ajoute du sérieux a une entreprise difficile, techniquement complexe, et politiquement sensible. « Il trait les béliers pour convaincre les brebis qu'elles seront traites à leur tour ».

Nous déplorons la réaction des partis politiques qui a notre avis aurait été plus positive si elle prenait le Gouvernement au mot et offrait sa collaboration sur une question qui devait être au centre de son agenda tant elle constitue l’une des aspirations de base des populations, surtout celles dans lesquelles recrutent l’opposition traditionnelle.

Nous rappelons au Gouvernement que sa stratégie de lutte contre la corruption continuera de souffrir d’un manque de crédibilité notoire tant que des symboles visibles de la gabegie occupent des emplois supérieurs dans les cabinets de la Présidence et des Ministères, les représentations diplomatiques et les administrations et entreprises publiques.

Qu’Allah protège notre pays
Vive la Mauritanie

Saturday, November 28, 2009

Qu'on ouvre la boita a Pandore

Le Président de la République a été élu par une majorité confortable de Mauritaniens auxquels il avait tenu durant la campagne électorale un discours singulier sur la gabegie et ses symboles. Le Chef de l’Etat promettait de sévir avec vigueur contre tous ceux qui ont participé à l’entreprise de sape organisée dont notre pays est victime depuis plusieurs décennies. Sa victoire avait montré qu’il lit mieux que ses opposants les aspirations du peuple et il est entrain de montrer aux plus sceptiques d’entre nous qu’il est capable de fausser les pronostics et déterminismes des grilles de lectures traditionnelles.

Malgré l’odeur de l’armistice avec les Roumouz soulevée par la nomination de lemrabot O Sidi Mahmoud et le peu de place accordé à la nouveauté dans le mouvement des ambassadeurs, force est de constater que le Gouvernement tente de bousculer les habitudes en frappant fort contre des hauts fonctionnaires sur lesquels pèsent de lourds soupçons de corruption et de détournements de deniers publics. Même s’il ne s’agit que d’un début, empreint de règlements de comptes et de liquidation d’opposants, l’entreprise est salutaire et mérite le soutien de tous ceux qui croient que les crimes économiques dont notre pays est victime ne peuvent être ni absous, ni prescrits sous aucun prétexte.

Le Président de la République est sur la voix de donner un sens réel à sa prise de pouvoir. S’il continue sur cette lancée avec courage, justice et détermination, son pouvoir se consolidera, le pays avancera sur des bases solides et l’Histoire lui retiendra d’être celui qui a stoppé cette course effrénée vers l’abîme individuel et collectif en cours depuis plusieurs décennies. S’il hésite, tempère et concède, ses ennemies ne lui donneront aucune chance et le pays redeviendra ce qu’il a presque toujours été, chasser le naturel, il revient au galop.

Ely Ould Mohamed Vall quand il présidait aux destinées du pays avait lui aussi discouru sur la gabegie, crée l’inspection Générale d’Etat, et nommé à sa tête un haut fonctionnaire du Ministère des finances dont beaucoup de monde disait du bien. Nous l’avons applaudi mais la montagne avait accouché d’une souris. L’affaire Zeidane ould Hmeida qui avait défrayé la chronique s’est avérée n’être qu’une de ces minables combines destinée à extorquer des fonds à des fins d’enrichissements personnels élicites. Le Président du CMJD a été incapable de fausser route a ses compagnons de fortune et s’est finalement résolu à les protéger avec une détermination dont le sens ne sera clair que quelques jours avant les élections présidentielles de 2007 dans sa sortie, désormais célèbre aux palais des congres devant des maires pétrifiés, a propos du bulletin blanc. En réalité, Ely n’avait aucune crédibilité pour entamer une action contre la gabegie et ses vecteurs tant il est lui-même fortement soupçonné d’avoir bâti sa fortune colossale par le jeu de la prébende et des passe-droits. Sous son règne, s’est imposée l’idée de la prescription des crimes économiques commis au temps de son prédécesseur avec la promesse non tenue que la transparence et l’efficacité de la gestion des deniers publics seront désormais de rigueur.

Le plus étrange est que ceux qui étaient sensés représenter les exclus et les victimes de la période sombre de l’histoire récente de la Mauritanie ont avalisé et soutenu cette idée au nom de la stabilité des institutions et des impératifs du développement économique. Ils se sont trompées, déçus leur base populaire et y ont perdus de la crédibilité tant il est clair qu’il ne peut y avoir de stabilité politique, ni de développement économique et sociale sans une lutte implacable et permanente contre la gabegie et ses vecteurs. L’argent mal acquis est la sève des associations de malfaiteurs. Il corrompt les valeurs, décourage la productivité et les investissements, et compte parmi les principaux facteurs de déstabilisation de notre pays. Prétendre qu’il peut être recyclé dans des activités productives, créatrices de valeur ajoutées et d’emplois décents n’est supporté par aucune recherche scientifique sérieuse, ni par l’expérience empirique des Nations. Cette prétention est donc non seulement sans fondements, elle est aussi moralement répréhensible et politiquement suicidaire pour les forces du changement.

L’argent mal acquis doit être asséché et au plus vite pour que le pays retrouve un semblant de normalité. Ceux qui le détiennent sont une malédiction pour la société. Ils doivent être poursuivis, punis et isolés pour l’exemple et pour lutter contre la récidive. Cela doit évidemment se faire suivant les règles du droit, avec toute la protection communément garantie aux présumés coupables.

Le défi sera de desceller dans un appareil judiciaire traditionnellement allié des prédateurs des biens publics, des juges capable de dire le droit. Nos magistrats et leurs auxiliaires, avocats et autres, ont très souvent été le moyen par lequel les personnes d’influence s’accaparent des avoirs publics. Peut-on leur faire confiance aujourd’hui pour trancher dans des affaires techniquement complexes, politiquement sensibles qui mettent en jeu d’énormes intérêts publics et privés ? Il est permis d’en douter.

L’essentiel reste cependant la détermination sans précédent de l’Etat a protéger son patrimoine et a s’attaquer a ceux qui se sont enrichis a ses dépens, mettant fin pour de bon a l’impunité et l’omerta qui entoure le pillage des ressources publiques. Il s’agit d’une étape décisive sur la voie de la reforme qui mérite d’être supportée a fond par tous ceux qui croient réellement a la nécessité de rompre avec la manière dont le pays a été gouverné jusqu'à présent.

Monday, October 26, 2009

Chasser le naturel, il revient au galop

Le Président de la République a été élu par une majorité confortable de Mauritaniens auxquels il avait tenu durant la campagne électorale un discours singulier sur la gabegie et ses symboles. Le Chef de l’Etat promettait de sévir avec vigueur contre tous ceux qui ont participé a l’entreprise de sape organisée dont notre pays est victime depuis plusieurs décennies. Sa victoire a montré qu’il lit mieux que ses opposants les aspirations du peuple mais l’a accablée, cependant, de la lourde responsabilité d’être a la hauteur des espoirs qu’il a suscitée chez des populations habituées trop souvent a être le dindon de la farce.

Moins de trois mois après son investiture et malgré les tentatives de bousculer les habitudes (financement de la campagne agricole, mis en arrêt des voitures de service, réactivation de l’inspection générale, déclaration sur le népotisme), on sent déjà l’essoufflement du discours et l’odeur de l’armistice avec des roumouz dont la détermination a revenir sur les devants de la scène ne semble avoir d’égale que leur formidable capacité a s’adapter a tous les gouvernants. Si cette tendance se confirme, le Président de la République y perdra du crédit et les nouvelles autorités s’enliseront rapidement dans la routine du statuquo avec ses risques de déstabilisation au sommet et de souffrances pour les démunis.

Les dernières nominations à la Présidence et dans nos chancelleries à travers le monde ont l’odeur du déjà-vu. Un retour à la vieille tradition de la récompense de ceux qui sont sensés aider le Président de la République à consolider son pouvoir comme si celui-ci avait besoin d’un extra de légitimité autre que celui tiré de la symbiose avec le peuple qui l’a élu au suffrage universel direct, sans interférence de ceux qui se sont autoproclamés « grands électeurs » après avoir été grands prédateurs des biens publics.

Dans les usages en vigueur dans les pays bien gouvernés, les postes d’ambassadeurs vont soient aux amis politiques du Président de la république pour les grandes ambassades ou les liens étroits avec le Commandant en chef sont bien appréciés et constituent un gage de réussite, ou aux hauts fonctionnaires du Ministère des Affaires Etrangères pour les ambassades de moindre importance ou seul compte les routines de la représentation diplomatique. Seul Ould Brahim Khlil et dans une moindre mesure ambassadeur Bal répondent à ces critères.

Le reste n’est que recyclage du passé. Ould Taya distribuait les portefeuilles ministériels aux plus zélés de ses partisans sans aucun regard pour la fonction, ni celui qui l’occupe. La tradition voulait qu’un ancien Ministre devienne ambassadeur pour se soigner ou se reposer en attendant la disgrâce ou un rappel pour une fonction supérieure. Le travail diplomatique n’était pas la priorité. C’est ici que réside le problème de la diplomatie mauritanienne, son inefficacité et son manque de dynamisme. Nos ambassadeurs paraissent désœuvrés, isolés socialement dans leurs pays d’affectation, ne réussissant que rarement à surmonter les barrières de la langue et de la culture de leur société d’accueil et peu intéressés par un quelconque travail diplomatique en profondeur. Le fait que le Président de la République reconduise les mêmes n’est pas un bon signe pour cette Mauritanie nouvelle à laquelle il appelle depuis qu’il a pris son bâton de pèlerin pour fustiger les voleurs des biens publics et dénoncer l’exclusion dont est victime la majeure partie de ses concitoyens.

Une nomination sort du lot. Celle de Ould Rzeizim, préfet, gouverneur et ancien ministre et l’un des leaders charismatique du FNDD. Sa nomination comme ambassadeur de la République Islamique de Mauritanie à Addis-Ababa sera perçu, qu’on le veuille ou non, comme un retour de l’ascenseur à celui qui a validé l’élection du 18 Juillet 2008. Elle ne sert ni le Président de la République et n’honore pas le nouvel ambassadeur. Elle jette du discrédit sur le FNDD et particulièrement ADIL dont le Chef s’est empressé de se féliciter de cette nomination en la qualifiant de bon pas dans la bonne direction. Elle ne peut s’inscrire que dans cette démarche bien connue de chez nous qui consiste a débaucher tout opposant prêts a négocier son allégeance en contrepartie d’une de ces faveurs dont le Pouvoir seul a le secret et le monopole. Elle ne peut procéder d’une stratégie d’ouverture sérieuse sur une opposition qui cherche encore ses marques après une défaite qu’elle n’a pas pour le moment réussit à digérer.

Pouvoir et Opposition doivent se reconnaitre mutuellement avant d’entamer un dialogue ouvert et franc sur les principes et procédures du renforcement de la démocratie et l’Etat de droit et l’instauration d’un système rational et équitable qui permet l’inclusion de tous dans l’œuvre de construction nationale. Nos hommes politiques doivent accepter le risque qui découle de toute entreprise humaine et s’attendre à cette malédiction en « terre des hommes » qu’est la traversée de désert en cas de défaite. Ce retrait de la gestion des affaires est nécessaire pour méditer, revoir sa copie, se ressourcer et prendre du recul pour se préparer aux futurs combats électoraux et proposer une alternative crédible au pouvoir en place.

Lembrabott Ould Sidi Mahmoud, ENArque de son pays, plusieurs fois Ministre, recherché par la justice française pour témoigner dans une affaire de torture d’un opposant politique, est nommé chargé de mission à la Présidence. Sa réhabilitation soulève des interrogations sérieuses sur les intensions des autorités actuelles et le sens qu’elles donnent à la gabegie et ses symboles largement dénoncés par la rhétorique officielle.

La Mauritanie pays pauvre mal gouverné ne peut sortir du cercle vicieux de la misère et du sous-développement que par une action volontaire et soutenue des autorités constitutionnelles légalement élues visant une rupture totale avec la manière dont sont gérées les institutions de l’Etat depuis plusieurs décennies. L’Etat ne peut continuer indéfiniment à jouer le rôle de vaches à lait que lui prescrivent ceux qui en profitent en exclusivité. Il doit rationaliser, réorienter et concentrer son action sur les domaines prioritaires. Un chantier de reforme difficile et couteux en terme social qu’il ne peut enclencher que si ceux qui occupent le devant ont des visages qui inspirent au moins la confiance de celui qui a le bénéfice du doute.

Tuesday, October 6, 2009

Il faut tourner la page et œuvrer pour le renforcement de la stabilité

Le coup d’Etat du 6 Aout 2008 n’a pas mis fin a la crise politique qui immobilisait le pays depuis la démission du premier Gouvernement de l’ère démocratique qui n’avait pas hélas brillé par son efficacité. Il y a ajouté une impasse constitutionnelle qui a faillit conduire le pays vers une confrontation sans issue entre un pouvoir isolé sur le plan international et une opposition sans moyen d’influer de manière significative sur le cours des événements. Finalement, la sagesse l’a emportée avec la signature des accords de Dakar qui ont ouvert la voie a un retour négociée a l’ordre constitutionnel avec la démission du Président de la République et l’organisation de nouvelles élections présidentielles avec des garanties sur la transparence du scrutin. Même si le processus paraissait biaisée des le début pour certains, cela n’a pas empêchée que toutes les forces et personnalités politiques se jettent a fond dans la course au palais ocre avec une intensité et une passion qui ont fait oublier pour un moment au moins la crise née de la déposition du premier Président élu de la République Islamique de Mauritanie.

Même si ses résultats ont surpris plus d’un, le scrutin a été néanmoins jugée dans l’ensemble satisfaisant par les observateurs indépendants. M. Mohamed Ould Abdel Aziz est devenu qu’on le veuille ou non le Président de la République. Le refus de Messoud O Boulkheir and Ahmed O Daddah de reconnaitre cette réalité n’y changera pas grand-chose et ne fera que prolonger une crise politique qui n’a que trop durée. Il peut être interprété comme une justification a priori d’un éventuel coup d’Etat et un appel aux putschistes eh herbe d’agir au moment opportun. Je crois qu’il s’agit la d’une erreur stratégique de la part de forces politiques, surtout le FNDD, qui font du retour a l’ordre constitutionnel leur cheval de bataille.

La Mauritanie a besoin qu’on tourne la page ouverte par un coup d’Etat qui aurait pu être évitée mais comme on ne peut refaire l’histoire, il faut penser au présent et futur. M. Ahmed Ould Daddah devrait une fois encore « prendre acte » des resultats publiées par le Ministère de l’Intérieur, tirer sa révérence comme il l’a promis durant la campagne électorale, et passer le flambeau a plus jeune pour donner l’exemple de ce rajeunissement tant attendu de la classe politique. Le poste de chef de file de l’opposition doit revenir à Messoud O Boulkheir suivant un arrangement parlementaire entre les composantes de l’opposition. M. Mohamed O Abdel Aziz en devenant le Président de tous les mauritaniens devra se mettre au dessus de la mêlée et surtout empêcher cette chasse aux sorcières vers laquelle vont essayer de le pousser certains de ces zélés partisans. Son programme électoral surtout la lutte implacable qu’ils se proposent de mener contre la gabegie et ses vecteurs est digne d’intérêt. Il pourra compter sur un soutien populaire massif sur ce point.

Il est temps de rompre avec ce cycle d’instabilité qui a suivi la tentative du coup du 8 Juin 2003 et envisager l’avenir des institutions dans le strict cadre de la constitution avec cet esprit de compromis qui a caractérisé les accords de Dakar. Seul le respect de la loi est a même de créer cette stabilité durable qui ouvre des perspectives réelles aux exclus suivant des règles justes et claires acceptées et respectées par tous. Le défi est énorme et l’enjeu est de taille mais il faut en finir au plus vite avec cette imbrication très forte entre les milieux d’affaires, la haute fonction publique et la classe politique qui empêche toute évolution vers un système de compétition basé sur des règles non personnelles qui assurent l’égalité des chances et permettent a tous de légitimement prétendre a une place autour de la table moyennant l’intelligence et l’effort requis. Tous ceux nombreux et puissants qui vivent de l’impunité, des passe-droits et du trafic d’influence et qui se trouvent de part et d’autre de l’échiquier politique national vont se liguer contre toutes les tentatives de reforme quelque soit leur origines. Pouvoir et opposition ont intérêt a s’accepter et a coopérer pour extirper les germes de l’instabilité que constituent la détermination de tous ceux qui ont pillé les ressources du pays et abusés de leurs positions de conserver leurs privilèges indus et d’échapper a la justice. Si le nouveau Président de la République veut réellement en découdre avec ceux la qu’il trouve appui et support de ses opposants s’ils sont véritablement motivées par l’intérêt national. Il ne peut y avoir de stabilité si la règle de droit est constamment bafouée et si dans l’arbitraire le plus absolu une poignée de privilégiés continuent à monopoliser la richesse et les honneurs a travers des mécanismes variés de coercition et de corruption a grande échelle.

Message au Président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz

M. le Président de la République,

Je me suis opposé a votre coup d’Etat et voté pour votre principal challenger M. Messoud O Boulkheir pour les qualités de leadership et la clarté des principes que ce dernier a montré durant la crise qui vient de s’achever par votre élection a la magistrature suprême.

Aujourd’hui, je vous félicite et demande publiquement a celui pour lequel j’ai voté et fait campagne de faire de même pour tourner la page et envisager l’avenir avec sérénité. Votre élection ne souffre techniquement d’aucune irrégularité significative, ce qui vous confère toute la légitimé populaire et constitutionnelle pour appliquer le programme sur lequel vous avez été élu. Vous êtes aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, le Président de tous les Mauritaniens et on ne peut vous demander plus que d’agir en conséquence : se mettre au-dessus de la mêlée et traiter les mauritaniens a égalité, chacun selon ce qu’il mérite.

Pour ceux qui refusent votre élection, je dis qu’ils doivent s’inspirer de l’exemple de votre prédécesseur, Président Sidi O Cheikh Abdellahi qui a volontairement démissionné pour ouvrir la voie au retour a l’ordre constitutionnel. La Mauritanie a besoin d’une stabilité réelle des ses institutions pour retrouver les conditions d’un développement durable de ses ressources.

Pour votre futur Gouvernement, je dédie cette contribution que j’ai écrite et publiée dans la presse locale il y a plus d’un an, un mois avant la démission du Gouvernement de Zein Ould Zeidane ou ont été développées certaines réflexions qui me paraissent plus que jamais d’actualité.

Vive la République Islamique de Mauritanie.

Message aux protagonistes de la crise constitutionnelle

Il y deux ans on croyait sortir de l’auberge. Après une bataille électorale rude, mais pacifique et, en grande partie, respectueuse des usages établis dans les grandes démocraties, la Mauritanie s’est dotée, pour la première fois de son histoire, d’un Président, d’un Parlement et de maires élus en toute transparence selon les règles et procédures communément admises du suffrage universel. Le processus démocratique mis en œuvre par les autorités de transition issues du coup d’Etat qui a mis fin au long règne du Colonel Muawiya Oud Sid’Ahmed Taya a atteint ses objectifs. Tel était, en tout cas, le constat de la classe politique dans son ensemble et des observateurs internationaux. Pour la première fois de son histoire, la Mauritanie dispose d’institutions constitutionnelles représentatives qui reflètent sa diversité politique, l’aspiration des différentes catégories sociales et la demande de changement. Une singularité qui lui vaut l’admiration de beaucoup d’arabes et de musulmans dans son environnement arabo-islamique et le respect de la communauté internationale dans son ensemble, notamment les grands pays qui ont dépêché des hautes personnalités à la cérémonie d’investiture du Président de la République.

Le Président de la République a été élu par une majorité confortable au deuxième tour due, pour l’essentiel, au soutien de l’APP, le parti de Massoud Oud Boukhelif, l’une des plus importantes formations politiques de l’opposition au régime de Ould Taya. Le candidat malheureux a « pris acte des résultats » et accepté d’être le chef de file de l’opposition, une autre singularité créée sur mesure, par une ordonnance du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD), pour consoler « l’opposant historique » tout en espérant constituer un mécanisme de concertation au sommet entre le pouvoir et son opposition. L’ensemble des forces politiques ont déclaré leur volonté de s’inscrire dans le nouvel ordre. Le spectre d’un Pouvoir sans Opposition pointait à l’horizon. Cette perspective effrayait autant les candidats aux postes gouvernementaux parmi les soutiens du Président de la République que ceux qui avait peu confiance dans le nouvel ordre en construction qui faisait à leurs yeux la part trop belle aux figures et méthodes emblématiques de la période décriée.

Zein Oud Zeidane, technocrate converti à la politique devient Premier ministre après avoir occupé la troisième place au premier tour de l’élection présidentielle. Le Président de la République lui délègue des pouvoirs importants. Il nomme un Gouvernement non politique qui tactiquement évite les figures emblématiques de la période TAYA et se qualifie de technocratique sans pour autant compter des membres dont l’expertise et la compétence sont indiscutables. Masoud O. Belkheir devient Président de l’Assemblée Nationale et fait entrer certains de ses lieutenants au Gouvernement. Les institutions se mettent en place et lentement commence à se préciser une nouvelle façon de gouverner qui peine à convaincre tant l’impatience est grande de voir le nouveau pouvoir produire des résultats palpables en terme d’amélioration des conditions de vie des ménages, de distribution de la justice et de la moralisation de la chose publique.

Le nouvel ordre démocratique vanté par les partenaires extérieurs de la Mauritanie et potentiellement lucratif au vu des offres mirobolantes d’assistance financière du reste du monde s’est rapidement montré fragile, indécis et incapable de créer des loyautés propres distinctes de ce qui existaient auparavant. Les mêmes forces s’affrontaient dans l’ombre d’une constitution qui était plus une échappatoire que le fruit d’un compromis réel, sans véritable arbitre ni de règles claires et bien établies de résolution des conflits. La première crise politique d’envergure, tout a fait normale et classique dans toute démocratie, opposant le Président de la République et des segments importants de sa majorité, a eu raison de l’ordre constitutionnel issu de la transition de 2005-2007.

Le Président de la République a été déposé par un coup d’Etat militaire en bonne et due forme. Une écrasante majorité de députés, de sénateurs et d’élus locaux ont soutenu cette rupture par la force de l’ordre constitutionnel. Le Chef de file de l’opposition démocratique a qualifie le coup « d’opération de rectification » et s’est placé a la tète de ses défenseurs. La presse, la plupart des intellectuels et des groupuscules politiques ont applaudi sinon observé un mutisme troublant qui en dit long sur la confusion qui règne dans les esprits. Seuls les partis politiques et organisations regroupés au sein du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) ont refusé le fait accompli et continuent d’appeler au retour à l’ordre constitutionnel. Le peuple est resté neutre ou résigné à son triste sort. L’étranger a condamné le coup avec parfois des formules sévères, souvent avec une connotation diplomatique qui exprime le regret face a une situation qui met la Mauritanie dans une situation d’autant plus difficile par rapport a ses partenaires de développement que ces derniers se sont investis massivement dans le processus démocratique, en ont fait un exemple et se sont engagés à le soutenir.

Depuis le 6 Aout 2007, la Mauritanie vit une impasse constitutionnelle couteuse dont personne ne peut, aujourd’hui, prédire l’issue. Le Président de la République est dans l’incapacité matérielle d’exercer ses fonctions. Son intérim est assuré par le Président du Senat suivant une décision très controversée du Conseil constitutionnel. L’aide internationale, la principale source de financement de développement, est menacée d’interruption et se tarit à grande vitesse. La crise de confiance s’installe de nouveau dans la durée entre les différents protagonistes de la scène politique avec une guerre sans merci que se livrent deux légitimités inconciliables. Une situation qui nous ramène quelques années en arrière et met fin a une expérience démocratique qui, malgré toutes ses insuffisances, constituait un progrès significatif par rapport au passé et offrait des promesses sérieuses d’autocorrection pour le futur.

La crise révèle l’incapacité structurelle du leadership national (classe politique, institutions de l’Etat, organisations de la société civile) à imaginer et soutenir dans la durée un compromis qui préserve la stabilité tout en ouvrant des perspectives réelles aux exclus suivant des règles justes et claires acceptées et respectées par tous. Les politiques préfèrent laisser des questions de fond en suspens de peur de fâcher, d’être taxé de radical, de perdre la face ou simplement d’être exclu de la distribution des postes. Les gouvernants trouvent dans le laxisme et l’impunité une porte de sortie pour couvrir leur forfait et/ou leur incapacité à appliquer la loi et le règlement avec la rigueur requise et produire des résultats. Les institutions de l’Etat continuent a n’être que des foyers de distribution de rentes sous formes de prébendes, de salaires et de concessions publiques suivant les caprices des princes du moments. La société civile malgré toute l’attention qui lui est accordée reste incapable de constituer un pouvoir d’investigation et de formulation des politiques crédible et indépendant des idées et pratiques partisanes.

Il y a une imbrication très forte entre les milieux d’affaires, la haute fonction publique et la classe politique qui empêche toute évolution vers un système de compétition basé sur des règles non personnelles qui assurent l’égalité des chances et permettent a tous de légitimement prétendre a une place autour de la table moyennant l’intelligence et l’effort requis. Trop de gens vivent de l’impunité, des passe-droits et du trafic d’influence et peu de leurs mérites. Cette situation à laquelle le pouvoir démocratique n’a pas trouvé de solution rapide ou tout au moins perceptible à court terme est à la base de la crise actuelle. L’ignorer dans la recherche d’un règlement éventuel procédera de cette mentalité traditionnelle décrite plus haut qui a fait rater au pays plusieurs occasions de rebondir sur des bases solides, la dernière étant la période de transition ou les questions « qui fâchent » ont été remises a plu tard comme si les périodes d’exception n’étaient pas les mieux appropriées pour crever l’abcès.

Toute porte à croire que l’ordre constitutionnel d’avant le 6 Aout 2008 ne sera pas rétabli. A moins d’une intervention militaire extérieure peu probable et de toute façon non souhaitée par aucune des parties en conflit, on ne voit pas comment le Président de la République pourrait retrouver les moyens de l’exercice plein et entier de ses fonctions. D’autre part, le conseil constitutionnel, l’arbitre ultime, vient de rendre un verdict qui, tacitement, donne une valeur juridique au processus politique déclenché par le coup d’Etat de l’été dernier. Les juges de la constitution dans leur volonté de ne pas ajouter à la complexité d’une situation qui l’est déjà trop ont entérinée le fait accompli et ouvert la voie, volontairement ou non, a une interprétation de la loi fondamentale qui permet la déposition par la force d’un Président élu.

Tout indique que le candidat Mohamed Oud Abdelaziz aura le plébiscite populaire qu’il désire le 6 Juin 2009 mais il aura en charge la destinée d’un pays émietté socialement, isolé sur le plan international, politiquement instable, ou la règle de droit n’a pas le dernier mot, qu’il ne pourra gouverner que par une main de fer et un appel constant à l’achat des consciences dans un contexte marqué par une grande pénurie de la ressource. Pour un candidat qui fait de la lutte contre la corruption et les symboles de la gabegie un cheval de campagne, la tache ne sera pas facile.

Les partis démocratiques continueront à s’opposer avec une capacité de nuisance réelle qui n’atteindra pas, cependant, dans l’horizon visible cette masse critique susceptible d’obliger le Pouvoir à changer son agenda. Si rien n’est fait le pays s’achemine a grands pas vers une situation proche de celle qu’il a vécu durant la première moitie de cette décennie avec en prime un isolement international qu’il pourra difficilement supporter. La Mauritanie gagnerait a ce que les acteurs politiques fassent preuve de réalisme pour sauver l’essentiel et créer les conditions d’un retour, sinon a la confiance, au moins a un compromis qui permet aux uns et aux autres de participer a l’œuvre communautaire suivant des règles acceptées par tous.

Mauritania Project appelle les différents protagonistes de la crise actuelle a ne pas saboter l’avenir et a profiter de cette dernière chance offerte par la médiation du Président Wade pour jeter les bases d’un compromis durable qui préserve la stabilité et ouvre des perspectives réelles a toutes les capacités désireuses de participer a l’œuvre de construction nationale. Il ne peut y avoir de stabilité si la règle de droit est constamment bafouée et si dans l’arbitraire le plus absolu une poignée de privilégiés continuent à monopoliser la richesse et les honneurs a travers des mécanismes de coercition et de corruption a grande échelle. Il ne peut y avoir de développement économique, ni de progrès social sans la stabilité qui canalise les énergies et évite que les forces centrifuges, ces instincts anarchiques particulièrement présents dans les gènes de la société mauritanienne, ne viennent a bout des acquis et principalement du plus important d’entre eux, l’Etat.

Mauritania Project rappelle qu’il ne peut y avoir de stabilité et de développement sans la création d’une bureaucratie d’Etat indépendante des fluctuations politiques pour préserver l’intérêt général et éviter que ce dernier ne soit constamment subordonné aux caprices des princes du moment, fussent ils issus d’un processus démocratique parfait. Cela passe par la professionnalisation de la fonction publique, la reforme des institutions de l’Etat suivant les règles impersonnelles de la rigueur, de la compétence et de l’efficacité, et la réglementation des rapports entre le politique et l’administratif.

Mauritania Project attire l’attention sur le cout exorbitant des institutions issues de la constitution de 1991 qui sur ce point n’a pas subi de modifications en 2006. Le Senat, le conseil constitutionnel, le Conseil économique et social, le Conseil islamique, la haute cour de justice, le médiateur de la République, le Chef de file de l’opposition sont des institutions couteuses sans valeurs ajoutées perceptibles. Pour un pays dont les besoins de financements sont énormes, de telles dépenses sont un gâchis qui ne peut se justifier que par la volonté constante des princes du moment de caser leurs lieutenants, protégés et thuriféraires.

Mauritania Project exprime son opposition radicale à toute forme de sanctions économiques qui n’auront pour unique résultat que d’affaiblir davantage l’Etat surtout dans ses fonctions de pourvoyeurs de services publics de base a des populations pauvres déjà largement victimes des caprices d’une classe politique trop absorbée par elle-même pour mesurer les dommages collatéraux que son action induit sur le reste du peuple qu’elle est pourtant sensée servir et défendre ses intérêts.

Mauritania Project est une organisation de la société civile qui se donne pour objectif d’œuvrer pour la consolidation de l’Etat mauritanien, l’amélioration de sa gouvernance et le développement de son potentiel humain.

A propos de l’interview de notre honorable sénateur Mohcen Ould Hadj

J’ai été interpellé par l’interview que le sénateur de Rosso a accordé au Calame et dans laquelle il a exprimé des propos peu amènes a l’égard du Président de la République l’accusant, d’avoir remis en scelle les caciques du défunt PRDS comme prélude a la restauration du Parti-Etat, rompant, ainsi, « le contrat politique et moral » qui lierait le Chef de l’Etat a un certain « nous » indéfini, le sénateur s’étant représenté indépendant, on ne lui connait pas d’affiliation politique autre que celle qu’il avait quitté avant de soutenir le candidat Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Même si on convient pour la forme que le « nous » représente une faction dont Mohcen serait le porte parole, le seul contrat qui lie le Président de la République est celui qu’il a avec le peuple qui l’a élu sur un programme défini et a travers des élections que personne n’a contesté et qui ont été, en leur temps, citées comme exemple de transparence et de sérieux.

Les propos de Mohsen auraient passé inaperçu dans l’ambiance de fronde actuelle, tout à fait compréhensible dans une dynamique politique qui n’est pas encore stabilisée, s’il ne venait d’un homme qui entretient une relation privilégiée avec le General Mohamed Ould Abdel Aziz, le Chef de l’Etat major particulier du Chef de l’Etat. Une manière volontaire ou non de sa part d’accréditer la thèse d’une tension au sommet entre ce dernier et le Président de la République sur laquelle jasent le microcosme politique mauritanien, apparemment incapable d’imaginer une grille de lecture autre que celle de la lutte des clans pour la sauvegarde des privilèges. J’ai bien peur que ses propos ne soient interprétés comme une immixtion des chefs militaires dans le jeu politique, auquel cas je ne crois pas qu’en agissant de la sorte, il sert celui qui lui a donné voix au chapitre, et la contribution de ce dernier a l’édification d’un Etat mauritanien fort et démocratique.

J’ai beaucoup de respect pour le General Mohamed Ould Abdel Aziz et je crois que la Mauritanie lui doit beaucoup pour avoir été l’un des principaux instigateurs du coup du 3 Aout 2005 et celui qui a dit non a la tentative des amis du Colonel Ely Ould Mohamed Vall de capoter la transition vers la démocratie. La classe politique ne lui a pas été reconnaissante. Pour beaucoup, il est devenu le bouc émissaire, tant tôt pour avoir empêché Ahmed Ould Daddah d’accéder a la magistrature suprême, tant tôt pour avoir privé un tel d’avoir les faveurs du Chef de l’Etat. Son limogeage est pour certains la condition sine quoi non d’une reprise en main réelle de la Présidence par son occupant légitime. Le Président de la République l’a élevée au rang de General et étendu ses attributions militaires. Ce n’est que justice pour un officier brave qui a eu le courage d’agir au moment opportun, non pour s’accaparer le fauteuil présidentiel comme c’est la coutume mais permettre a la Mauritanie d’en finir avec la dictature et d’inaugurer une nouvelle phase de son développement avec l’organisation de consultations électorales dont la transparence et la crédibilité sont données comme exemples a travers la planète. Un acquis qui nous permet, aujourd’hui d’envisager l’avenir avec sérénité et de jeter aux oubliettes de l’histoire les mesquineries de l’ère ante démocratique.

La sauvegarde de cet acquis revient, cependant, aux autorités actuelles et a la classe politique dans son ensemble pour éviter que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on en revient aux pratiques de la gabegie et du laisser aller qui ont marqué le règne des Chefs militaires. Si le 03 Aout 2005 a un sens, il marque la fin a jamais de l’implication directe ou indirecte de ces derniers dans le jeu politique. Le métier des Chefs militaires est de s’occuper de l’Armée pour en faire une institution républicaine capable de faire face aux défis majeurs de sécurité. C’est une tache ardue qui requiert leur total attention. Toute immixtion de leur part dans les joutes politiques est un facteur d’instabilité et une ponction sur leur crédibilité et leur capacité à produire des résultats satisfaisants qui peuvent justifier, aux yeux de l’opinion, l’énorme charge financière qu’ils induisent sur le budget de l’Etat.

C’est au Président de la République que revient la charge de nommer et de démettre les membres du Gouvernement. Il a jugé opportun de faire appel à des politiques, c’est son droit et c’est opportun depuis que le premier Gouvernement formé de soi-disant technocrates a été incapable de faire face aux échéances. Des innovations ont été observées dans la forme. Le Premier ministre est le président du plus grand parti de la majorité, avec pas moins d’une cinquantaine de députés. Ceux qui s’agitent aujourd’hui auraient été plus crédibles s’ils avaient claqué la porte a ADIL des le début et refusé le leadership de celui qui deviendra plus tard le Chef du Gouvernement. Les partis politiques ont discuté et négocié leur entrée au Gouvernement. Trois des principaux partis d’opposition au régime de Ould Taya font désormais partie de la majorité présidentielle. Ceux qui leur en veulent, le font par mauvaise fois ou par calcul politique. L’opposition n’est pas une fin en soi et l’objectif ultime de toute formation politique est l’entrée au Gouvernement. D’autres ont fait le choix de rester dans l’opposition, c’est tout a leur honneur. Ils seront rejoints par tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans la manière dont ce pays est gouverné, c’est leur droit le plus absolu. La recomposition du paysage politique tant attendue est en marche et ce n’est que justice pour ce pays qui a trop longtemps croupi sous le régime de la contrainte et des ralliements forcés. C’est de l’avis de tout démocrate sincère un grand pas en avant dans la normalisation de la scène politique et la création des conditions idoines pour un fonctionnement serein des institutions républicaines.

Dire qu’il s’agit d’un retour à la période d’avant le 03 Aout 2005 est quelque peu exagéré et simpliste. Il est vrai que ceux connus désormais sous le label de Roumouz Alvessad y occupent une place de choix mais c’est naturel depuis que ces derniers se sont recyclés en grand électeurs courtisés par les autorités militaires de transition, les partis politiques et les différents candidats à la Présidence de la République. La classe politique dans son ensemble a jugé nécessaire pour la stabilité du pays de tourner la page et oublier, sans aucune forme de procès, les agissements de ceux qui ont durant longtemps pillé les ressources et pervertit les valeurs. C’est injuste, moralement répréhensible, économiquement suicidaire, mais seules les voix marginales comme la mienne se sont élevées, en son temps, pour dénoncer une amnistie porteuse de germes d’instabilité, et d’appels ouverts a la récidive. Les leaders et les faiseurs d’opinion comme le sénateur Mohcen ont préféré, chacun pour des raisons particulières, l’amnésie et ce qui en découle de fait un rapport de force sur le terrain qui consacre l’hégémonie des Roumouz Alvassad sur la politique. Demander à un gouvernement démocratiquement élu de faire ce que d’autres ont été incapable de réaliser par la force des armes, est tout simplement irréaliste. Les autorités militaires de transition ont ménagé avant de copter les symboles les plus visibles de la gabegie.

On prête au Président de la République d’avoir exprimé sa volonté de ne pas gouverner avec les Roumouz. Il a essayé en nommant un premier gouvernement ou on a fait appel a des inconnus, de la jeunesse éduquée, qui se sont avérés être des bons a rien, peu représentatifs et inefficaces. Ce débat est aujourd’hui dépassé. Tout le monde sait que les moufsidin sont partout et il va falloir faire avec. L’essentiel est de s’assurer que désormais des mécanismes sont mis en place pour lutter contre la gabegie et la corruption. C’est un travail titanesque qui demande l’implication de tous les acteurs et la fin de l’impunité. C’est sur ce dernier point que le Gouvernement de Yahya Ould Waghef doit être jugé, avec une présomption de bonne volonté. Vouloir l’empêcher de gouverner par une motion de censure avant même qu’il ne fasse preuve se son incompétence sera une défiance non justifiée du législateur a l’exécutif qui impliquera automatiquement la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’organisation d’élections législatives anticipées. Un scenario qui emportera le dernier des bonnes réalisations de la période de transition, à savoir une Assemblée Nationale de large représentation, contrairement a un Senat ou l’élection a été truquée par l’intrusion de l’argent et l’achat des conseillers municipaux.

D’ailleurs, il est dommage que l’Etat dépenses des sommes importantes pour entretenir une institution comme le Senat dont l’utilité est fortement mise en cause et le mode d’élection carrément biaisé au moment ou les professeurs de l’enseignement secondaire réclament la modique somme de 30000 Um pour reprendre le travail et ou des administrations publiques de haute importance cherchent désespérément des moyens financiers qui leur manquent cruellement, je pense a ces nombreux médecins que la Fonction publique ne peut pas recruter faute de fiches budgétaires alors que la couverture sanitaire reste très en deca du minimum acceptable. Mais il s’agit la de questions qui ne sont pas a l’ordre du jour, la classe politique qui compte étant plus intéressée par qui perd et qui gagne dans la répartition du gâteau des nominations. Bonne chance a tous et particulièrement a celui qui a la lourde charge de montrer qu’on peut faire du mieux avec du vieux dans un environnement politique et social marqué par le scepticisme, voire le cynisme.

Partira, partira pas, le Gouvernement de Zein Ould Zeidane, un an après

Published by Cridem, Tribune May 2008

Quand le premier Gouvernement de l’ère démocratique a été formé, il n’y avait pas l’excitation et l’enthousiasme des grands moments. Le Président de la République a certes tenu à écarter des premières loges de son administration les hommes qui symbolisent le plus la gabegie et la corruption mais pour les partisans du renouveau, il n’y avait pas de quoi pavoiser. Les Ministres n’avaient ni les compétences et les qualifications bien établies des technocrates, ni la légitimité des élus et des vétérans de l’activisme politique. Ils ont tous, à l’exception des ministres issus des rangs de l’APP, servi avec abnégation et sans état d’âme, dans la pure tradition du carriérisme froid et calculateur, un système politico-administratif responsable de la situation calamiteuse sur tous les plans dans laquelle se trouve notre pays. Il était clair pour les observateurs avertis que l’aspiration au changement telle qu’exprimée par les populations durant les différentes consultations électorales ne sera pas satisfaite malgré la rhétorique officielle et la volonté affichée de ne pas heurter les sentiments d’un peuple longtemps assujetti a l’humiliation par la terreur de l’exclusion. Des mesures historiques comme le retour des refugiés mauritaniens vivant au Sénégal et au Mali et la criminalisation de l’esclavage, crédit indéniable a l’actif de l’actuel Gouvernement passent presque inaperçues devant l’accumulation des bévues et la dégradation des conditions des ménages. Les gesticulations actuelles de la classe politiques n’augurent rien de bon. Les plus vocaux parmi les critiques du Gouvernement qui se proposent comme alternative suite à l’incapacité de ce dernier à mettre en œuvre le programme du Président de la République sont des hommes et des groupes connus pour leur participation active, dans le pillage des deniers publics et l’asservissement des populations. Ils n’offrent aucune perspective encourageante pour le pays et leur mise en avant achèvera le processus de réhabilitation du système politico-administratif tel qu’il existait avant le 03 Aout 2005. Comment en est on arrivé a ce point ?

Le Gouvernement de Zein Ould Zeidane avait le choix stratégique d’inscrire son action dans une dynamique nouvelle faite de volontarisme, de communication et de recherche de l’efficacité pour convaincre et susciter l’adhésion aux reformes indispensables à la remise sur les rails de la nation mauritanienne. Zein en avait le profil. Jeune et dynamique, politiquement vierge, le Premier ministre pouvait facilement faire oublier ses connivences suspectes avec certains milieux d’affaires à l’ origine d’une carrière fulgurante et prouver sur le terrain la pertinence de son slogan de campagne « la force du changement ». Le Président de la République l’aurait certainement soutenu dans cette voie plus en phase avec le programme sur lequel ce dernier a été élu. Le peuple aussi, aurait été enthousiasmé et revigoré, une manière certaine de l’éloigner davantage de la révolte et de la dépression.

Le premier Gouvernement de l’ère démocratique a cependant choisi autrement. Il a systématiquement opté pour la continuité avec les hommes et les méthodes des Gouvernements qui l’ont prédécédé, et s’est installé, des le début, dans la gestion de la routine reculant aux calendes grecques les reformes difficiles mais incontournables sur lesquelles il était très attendu. Il a, ainsi, non seulement, porté préjudice à la nation tout entière et à cette légitimité qui fondait sa particularité démocratique et lui conférait un magistère moral, sans précédent dans les annales de notre histoire mais aussi à cette partie de l’élite compromise qui voulait sincèrement tourner la page et s’insérer dans le processus de rédemption offert par l’élection du Président de la République, candidat par défaut d’un système politico-administratif qui ne s’est apparemment pas encore réellement convaincu de la nécessité d’en finir avec les méthodes surannées de nos fossoyeurs d’hier. Un an après, le premier gouvernement de la Mauritanie contemporaine à se prévaloir d’une réelle légitimité démocratique semble s’enliser dans la gestion expéditive des urgences et parait incapable de reprendre l’initiative, jetant ainsi le doute voire la confusion et le désarroi chez la majorité de ses administrées quant a ses capacités de relever les défis de cette phase critique du développement de notre pays. Pourtant, les occasions ne lui ont pas manquées pour marquer sa différence mais elles n’ont été jamais saisies. Les raisons de cette démission ou ce refus d’agir n’ont jamais été expliqués, le Gouvernement préférant le mutisme a la communication comme « au bon vieux temps », comme pour signifier a ses détracteurs « les chiens aboient, la caravane passe ».

La drogue et le terrorisme
Quelques semaines après la nomination du Premier ministre, des quantités énormes de drogue sont saisies, par pur accident, à l’aéroport de Nouadhibou. Des trafiquants pris en flagrant délit de possession de narco-substances furent appréhendés, alors que d’autres eurent suffisamment de temps pour s’enfuir. Des affaires similaires se succèdent qui donne la mesure de l’ampleur du phénomène. Le Gouvernement reste paralysé. Sa réaction molle à un phénomène dangereux présentant des menaces sérieuses pour la sécurité et la stabilité nationales jette les premiers doutes sur, sinon sa volonté, du moins, sa capacité à confronter les véritables problèmes du moment.

Seuls les néophytes sont surpris par l’ampleur du phénomène. La drogue dont la consommation locale reste limitée est néanmoins source de gros revenus pour un nombre croissant d’individus et alimente des circuits financiers et commerciaux importants. Elle est derrière de grosses fortunes amassées en un temps record par des hauts fonctionnaires de la police, des hommes influents du milieu des affaires et une petite clique de jeunes oisifs exhibant un luxe d’une extravagance insolente. Elle a longtemps été tolérée suivant un raisonnement cynique fondé sur une logique biaisée : étant donnée l’inexistence d’un marché de consommation locale, le potentiel de nuisance pour le pays est par conséquent minimal et la marge de profit maximale. Le trafic des stupéfiants ne représentait pas un danger immédiat pour le régime en place. Les Gouvernements successifs ont laissé faire. Le commerce de la drogue fleurissait et avec lui les facilités de payements pour une consommation ostentatoire de plus en plus visible et répandue qui excitait l’appétit des Mauritaniens pour l’argent facile et détournait un nombre grandissant d’entre eux des voies classiques de génération des revenues.

Quand l’affaire Ould Haidalla éclate, la question était de savoir si le phénomène de la drogue était circonscris a des segments marginaux de la société ou si, par contre, ce dernier a pénétré les rouges de l’Etat a un niveau élevé. Les inquiétudes ne manquaient pas. Les plus pessimistes craignaient que la Mauritanie ne fût déjà un Etat narcotrafiquant, un statut auquel le prédispose sa situation géographique, l’appétit pour l’argent facile de ses fonctionnaires, la faiblesse structurelle de ses services de sécurité et la déliquescence généralisée de son système judiciaire. L’opinion voulait savoir et surtout espérer que l’Etat fasse preuve de fermeté et de compétence dans le traitement de la première question de taille qui met à l’épreuve les nouvelles autorités élues du pays. Le Gouvernement sera évalué sur sa capacité de démanteler les filières de la drogue, d’arrêter et de juger les coupables et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur a toutes les personnes physiques ou morales impliquées dans le trafic des stupéfiants. Les performances n’ont pas été au rendez-vous comme chacun peut s’en apercevoir.

Ould Haidalla croupit en prison au Maroc. Tous ses complices sont en dehors de l’emprise de la Justice mauritanienne. Ceux qui furent arrêtés s’évadèrent. Les ramifications de l’affaire restent un secret d’Etat. Le Gouvernement a refusé une commission d’enquête parlementaire. La commission administrative désignée par le Chef de l’Etat a été incapable de produire un rapport final. Les principaux chefs de la police sont restés à leurs places s’ils n’ont pas connu de promotions. L’affaire est classée, oubliée. L’impunité continue et avec elle le danger de la drogue. Il y a quelques semaines, une cargaison de drogue a été saisie, encore a Nouadhibou. Ses propriétaires n’ont même pas été inquiétés. Ils se sont tranquillement éclipsés. L’événement est même passé inaperçu.

Il faut dire que le pays vit depuis plusieurs mois sous l’emprise de la menace terroriste. Le principal détenu dans l’affaire de l’assassinat des français dans les environs d’Aleg s’est évadé des mains de la justice avec une facilite déconcertante au moment ou les services de sécurité sont supposés être en alerte maximale, la Mauritanie reçoit un visiteur de taille, Son Altesse Hamad Al Thani, l’émir de Qatar. Les tentatives de recapturer le désormais tristement célèbre Ould Sidina, ont couté la vie a un officier de police, tombé sur le champ de bataille et placé le pays dans la psychose de la guérilla urbaine. Des tirs d’armes automatiques en abondance et surtout la mort d’un jeune homme tué accidentellement par des éléments de la police. Les forces de l’ordre peu entrainées a une pareille situation ont pour un moment donné l’impression d’être complètement dépassées avant que leur moral ne soit rehaussé par la dernière opération qui a permis de mettre sous les verrous tous les éléments de la cellule terroriste. Il est à craindre que ces criminels d’un type nouveau ne répondent de leurs actes barbares devant la loi, l’impunité continuant à être la règle tant dans les domaines politique et administratif que judiciaire.

La drogue et le terrorisme sont des phénomènes souvent très liés. Les terroristes se financent par les activités crapuleuses de toute sorte, y compris le commerce des stupéfiants, pourtant interdit par la religion de laquelle ils croient tirer leur inspiration macabre. Les synergies et connections réelles entre ces deux dangers constituent les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la sécurité et la stabilité de notre pays en particulier et la zone sahelo-magrebine en général. Les jihadiste et les narcotrafiquants ont en commun d’exploiter la misère humaine et la violence dans toutes ses formes pour arriver à leurs objectifs. Ils ont montré dans plusieurs pays une formidable et effroyable capacité de coopération en dépit des différences idéologiques qui pourraient suggérer qu’ils sont aux antipodes les uns des autres. D’ailleurs l’attitude peu agressive du Gouvernement a l’encontre des trafiquants de drogue a été vite interprétée par les réseaux dormants de Al-Qaïda comme un signe de faiblesse suffisant à leurs yeux pour déclencher un campagne de terreur sans précédent, au nom d’une vision de l’Islam complètement étrangère au vécu local et à l’interprétation malékite des textes islamiques de base que sont le Coran et la Sunna.

Le Gouvernement ne peut faire l’économie d’une guerre sans merci contre les réseaux de la criminalité organisée. Le plutôt sera le mieux avant que les entreprises du crime n’établissent des connexions profondes dans le tissu social et ne deviennent indéboulonnables. C’est une course contre la montre dans un pays qui connait des transformations profondes sous l’effet de facteurs endogènes et exogènes sur lesquels il n’a pratiquement pas de contrôle. Autrement la révolte des pauvres et des laissés-pour-compte, jusque la bénigne, enfantera des zones de non-droit, autonomes et réfractaires à l’autorité de l’Etat, qui deviendront le refuge idéal pour les infrastructures de terreur et trafics de tous genres.

La rébellion des pauvres et des laissés-pour-compte
Six mois après la nomination de Zein Ould Zeidane et la formation de son équipe et seulement quelques jours après que celui-ci, dans une conférence de presse largement médiatisée, fasse un bilan très positif de l’action de son Gouvernement, des manifestations spontanées de ras-le-bol éclatent dans les régions reculées de l’Est, le propre fief du Premier Ministre et traditionnel réservoir de soutiens pour les régimes en place. Ces manifestations d’une violence inconnue auparavant se propagent comme une traînée de poudre à d’autres zones du pays faisant craindre en an moment le pire, une intifida généralisée que n’aurait stoppée qu’un retour au pouvoir des hommes en uniforme. Un scénario catastrophe que beaucoup encore influents dans les hautes sphères de l’Etat espèrent secrètement tant il leur offre le seul vrai rempart contre le regard du peuple et l’exigence de rendre des comptes.

Devant une crise subite qu’il n’a évidemment pas prévu, le Gouvernement a réagi rapidement. Des mesures ont été prises pour calmer la situation. Les appels en sont sein pour designer comme d’habitude des boucs émissaires et faire comme si de rien était n’ont pas eu de suite. Le Président de la République a en personne exprimé sa compréhension pour la réaction d’une population pressée jusqu'à la limite du supportable par une conjoncture économique difficile. Mais le mal est déjà fait. Des dégâts matériels énormes, de nombreux blessés aussi bien dans les rangs des manifestants qu’au sein des forces de maintien de l’ordre et surtout la mort tragique d’un jeune homme à la fleur de l’age qui était certainement loin d’imaginer que les agents publics chargés de sa propre sécurité aller lui tirer dessus à balles réelles. C’est le cout élevé de l’imprévoyance d’un Gouvernement qui a vite oublié que gouverner c’est d’abord prévoir.

Un plan confectionné sous le sceau de l’urgence a été mis en place. Le Gouvernement a décidé de puiser dans les maigres ressources de l’Etat pour distribuer des prébendes sous forme de dons de vivres aux populations et de subventions a la Sonimex, une société publique tombée aux oubliettes depuis les premiers programmes d’ajustements structurel et qui refait surface comme la panacée du jour. Ce plan n’a pas dérogé à la règle. Son impact sur le terrain est peu significatif. Le Senat vient de designer une commission d’enquête pour en savoir plus. Les populations n’ont rien vu de substantiel. Les conditions de ménages continuent à se détériorer. Un autre plan vient d’être annoncé par le Président de la République. Prions pour qu’il ait plus de succès. L’administration sensée le mettre en ouvre reste minée par les dysfonctionnements structurels et gangrenée par la corruption. Affaire à suivre.


La corruption et la bonne Gouvernance

Le Gouvernement s’est fourvoyé des le début dans des refontes de structures maladroites et coûteuses qui l’ont épuisé au commencement. Il s’est par la suite enlisé dans la routine et a été incapable de se distinguer des Gouvernements qui l’ont précédé sauf par l’énormité des ses couts de structures. Le nombre de département ministériels s’est accru de plus de 20%. Les organigrammes des Ministères montrent une tendance générale à l’hypertrophie. On ne lésine pas sur la création des postes de chargés de mission, de conseillers, de directeurs et d’inspecteurs généraux, de directeurs et d’inspecteurs tout court. La Présidence a donné l’exemple, en nommant plus d’une vingtaine de conseillers dont on ne sait pas exactement le rôle dans l’architecture gouvernementale, certains d’entre eux exhibent des qualifications indéniables, d’autres sont bons a rien. Un exemple suivi par la primature et les différents départements ministériels comme si l’urgence est de caser les amis et/ou le trop plein d’alliés politiques. L’efficacité et l’efficiente peuvent attendre, elles ne paraissent pas à l’ordre du jour.

Les Ministres beaucoup moins accessibles que leur prédécesseurs de la transition militaire se sont rapidement inscrits dans la logique de j’y suis, j’en profite, n’associant que leurs amis et protégés et remettant à plus tard l’exigence d’utilité, de justice et d’équité dans la nomination aux emplois publics. Ils ont profité de la faiblesse des services de la Présidence, le cabinet en particulier, pour clairement abuser des pouvoirs qui leur ont été délégués dans la nouvelle approche de déconcentration chère au Président de la République. Les tentatives de mettre de l’ordre dans certains départements se sont limitées à des mesures formelles d’application de textes et n’ont que rarement touché à la racine du mal qui ronge les services publics. Des salariés se sont retrouvés au chômage et des fonctionnaires au carreau à l’issue de mesures administratives ou dominent la précipitation, l’improvisation et l’arbitraire sans aucune référence à une stratégie globale de reforme convaincante. La masse des mécontents s’est gonflée en si peu de temps obligeant le Président de la République à monter au créneau pour défendre une équipe Ministérielle dont la plupart de ses membres lui était inconnus avant leur nomination.

Sentant son état de grâce s’effriter et pour contrer les agitations dans les milieux de l’opposition démocratique visant a récupérer le malaise populaire grandissant, le Gouvernement n’a pas trouvé mieux que de mentir au peuple en soutenant abusivement par la voix de ces membres qui ont le plus d’autorité en matière d’économie que la conjoncture est bonne et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Des déclarations tonitruantes qui ont laissé sceptiques plus d’un tant elles contrastent avec les faillites en série des entreprises publiques, l’état délabré des services de l’Etat et les conditions insoutenables de la vie des ménages. Elles ont laissé un mauvais goût d’autosatisfaction et de suffisance, propre à une propagande officielle désuète, qui a certainement agacé et énervé une population fatiguée, pressée jusqu’aux limites du supportable par une situation économique et sociale difficile a laquelle elle ne voit pas d’issue.

Le Gouvernement a promulgué une loi sur la transparence financière. Malgré ses insuffisances, elle reste un pas significatif dans la bonne direction. Elle n’est cependant pas prise très au sérieux par les principaux concernés, en témoigne le dernier communiqué du Ministre de la Fonction Publique et la modernisation de l’Administration qui demande a ces derniers de se conformer a la règle avant le 30 Mars 2008, faute de quoi, leur nomination pourrait être révoquée. Les déclarations de revenus des hauts fonctionnaires sont entourées du plus grand secret comme si il y avait quelque chose d’impudique à rendre public un revenu bien acquis. Il va falloir modifier cette loi pour la rendre plus agressive dans le sens d’une transparence totale. Que ceux qui veulent servir la nation s’astreignent à ce minimum de visibilité qu’est la déclaration de leurs biens et les voies de leur acquisition.

Même s’il est indéniable que le pillage à ciel ouvert des deniers publics qui était en vigueur avant le 3 Aout 2005 et dans une moindre mesure durant la transition militaire n’est plus ce qu’il était, force est de constater que l’environnement dans lequel se sont développées ces pratiques déplorables reste pour une large part en place. Les contrôles administratifs et judiciaires demeurent très déficients. L’impunité continue à être la règle. Rien ne permet de dire qu’un pas irréversible a été franchi sur la voie de la sécurisation du patrimoine de l’Etat. Des affaires comme celle de la raffinerie de pétrole ont défrayé la chronique sans que les responsabilités soient clairement définies et sans que personne ne paye pour ses fautes. Une ambiance qui justifie toutes les craintes d’un retour programmée à la case départ, à cette conception patrimoniale de l’Etat, vache à lait pour les laudateurs et serviteurs des princes du moment.

Les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat continue à être régis, à quelques exceptions prés, par les copinages, les affiliations politiques et la camaraderie. Le Gouvernement a promulgué un décret qui assujettit les nominations aux échelles intermédiaires de la hiérarchie administrative (directeur adjoint, chef de service, chef de division) a des critères d’ancienneté et de corps suivant une approche louable de soustraire ce genre de nomination de la pression des politiques. Sa conséquence la plus immédiate sera cependant de verrouiller cette partie de la chaine de commandement administratif sur les fonctionnaires recrutés le plus souvent suivant des procédures laxistes, voire irrégulières et en exclure pour de bon tous ceux qui n’ont jamais eu la chance de compétir aux emplois publics suivant des critères impersonnels de qualifications et d’aptitudes. Une manière pour le Gouvernement de faire porter à l’Etat le fardeau lourd du passif administratif légué par deux décennies de laisser aller, de clientélisme et de népotisme dans la Fonction Publique. Il aurait été plus juste d’entreprendre une large évaluation des personnels de l’Etat a travers des concours sérieux, de vérification de cursus scolaires et universitaires pour avoir la meilleure idée du potentiel existant et de ne faire entrer dans les corps de l’Etat, nouvellement constitués, que ceux qui ont fait la preuve de leur mérite.

Qu’il s’agit d’assurer la sécurité des biens et des personnes, de lutter contre la corruption, de rendre plus performants les outils de gouvernement, ou d’améliorer les services publics de base, les autorités nationales pêchent par manque de volontarisme et de courage. Leurs actions n’inspirent ni la confiance, ni l’adhésion et ne paraissent pas coordonnées. Il y a comme une vacance de pouvoir sur laquelle jasent tous ceux qui trouvent un malin plaisir à propager la rumeur sur les luttes de clans au sein du sommet de l’Etat. Le Président de la République parait confiné dans une citadelle assiégée par des loups qui ne veulent rien céder de leurs privilèges. Les hommes qu’il a sorti de l’ombre ne semblent pas en mesure de l’aider dans sa mission. Ceux qu’il a reconduits parmi les acolytes de ses prédécesseurs a la tète de l’Etat ne voient en lui qu’une parenthèse. Leur attention est déjà fixée sur le prochain chef de l’Exécutif qu’ils espèrent venir de la grande muette, le plus vite serait le mieux.

La Mauritanie ne peut faire l’économie d’une révolution, en douceur ou dans la peine, peu importe dans la manière dont elle est gouvernée. Le pays est menacé dans son existence. Le processus démocratique risque de capoter. Les institutions de l’Etat sont en complète déconfiture. Le projet d’Etat conçu et mis en chantier contre « vents et marrées » par Feu Moktar Ould Daddah et ses coéquipiers de la génération de l’indépendance se meurt sous nos yeux sans que les citoyens à titre individuels ou collectifs ne savent quoi faire pour sauver le plus grand acquis de la Mauritanie contemporaine.

Il y a un an, les mauritaniens ont fait confiance au Président de la République et l’ont investi de l’autorité suprême pour conduire la communauté nationale vers des lendemains meilleurs. Que des voix s’élèvent pour réclamer le retour de Ould Taya et que d’autres en appelle au sauveur Ely est en soi un indicateur du peu de progrès accompli durant cette première année de transition démocratique. Ceux qui gardent l’espoir continuent à croire qu’il ne s’agisse que d’un accident de parcours. Prions tous pour qu’il soit ainsi. Pour le premier Gouvernement de l’ère démocratique, l’échec n’est pas une option.

L'attaque terroriste d'Aleg

Déclaration


« C'est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d'Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes. En effet Nos messagers sont venus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu'en dépit de cela, beaucoup d'entre eux se mettent à commettre des excès sur la terre. ». Verset 32 sourate Al-maida.

Aux environs d’Aleg, le 24 Décembre, à la veille de Noël et trois jours après Yom En’nahr, la plus grande des fêtes des musulmans, le 12 de Dhoul Hajja, l’un des quatre mois sacrés - où même en Arabie ante islamique en état de guerre permanent, les arabes anciens s’interdisaient tout recours à la violence par respect pour cette sacralité -, des individus se réclamant de l’Islam ont froidement assassiné quatre touristes français et en ont blessé un cinquième. Quelques jours plus tard, dans l’extrême nord du pays, des soldats mauritaniens sont attaqués sans provocation et tués. Le lien entre ces deux opérations meurtrières parait plus que probable. Clairement la Mauritanie est sous l’assaut d’une agression injuste perpétrée par des groupes violents, qui voient en nous le maillon le plus fragile d’une chaîne, peu ou prou, hors de leur portée. Notre pays se voit malgré lui, contraint de prendre part à une guerre qui n’est pas la sienne ; une guerre sans motivation valable, décidée hors de son territoire et à laquelle il ne veut guère prendre part.

Les Mauritaniens vivant aux Etats-Unis d’Amérique se joignent à leurs compatriotes dans ces moments de large communion pour condamner, sans appel, ces actes barbares moralement répréhensibles et contraires aux mœurs et croyances communément partagés par les Musulmans en général et les Mauritaniens en particulier. Ils expriment leur compassion pour les familles des victimes nationales et étrangères et apportent leur soutien total aux autorités démocratiquement élues de leur pays, dans les efforts qu’ils entreprennent contre cette montée brusque des violences dans le pays.

Les Mauritaniens vivant aux Etats-Unis appellent leurs compatriotes à s’unir et à mesurer à sa juste valeur la gravité de la situation. Nous avons affaire à des groupes fanatiques, idéologiquement alimentés par des Fatwas sans fondement, promues par des idéologues de la désespérance humaine et qui sont prisonniers d'une logique négationniste totalement incompatible avec le principe fondateur de l’Islam auquel se réfère le verset 256 de Sourate Al-Baghara « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle tandis qu'il croit en Dieu saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Dieu est Obedient et Omniscient. ». Notre Foi et nos convictions morales nous imposent de condamner et de combattre cette idéologie nihiliste. Il y va de notre avenir et de celui de l'humanité toute entière.

Les Mauritaniens vivant aux Etats-Unis se félicitent de la montée en première ligne des grands érudits pour rejeter catégoriquement et réfuter avec la force du savoir toute justification par l’Islam des actions dont notre pays a été victime. Ils leur demandent de persévérer dans cette voie pour que nos Mahadras et nos mosquées restent des lieux d’éducation spirituelle et morale, de propagation de l’Islam dans son interprétation originelle, celle des premiers siècles vertueux, loin des calculs opportunistes et de ces idées intruses de diabolisation de l’autre. Ce faisant, notre pays retrouvera sa place due dans le concert des nations et pourra ainsi participer légitimement aux efforts mondiaux entrepris par les Etats et les organisations de bonne volonté pour asseoir les conditions d’une paix durable entre les peuples, fondée sur la justice et la diversité. Il prendra aussi part au combat contre les fléaux de la pauvreté et des guerres et pour la légitime poursuite du bien-être humain.

Les Mauritaniens vivant aux Etats-Unis conseillent au gouvernement de leur pays de ne rien entreprendre qui puisse fragiliser le front intérieur et de résister à la confusion longtemps entretenue par les services de sécurité de notre pays durant la période totalitaire passée, entre les tenants d’un Islam politique inclusif non violent et ceux qui prêchent l’exclusion et la violence. Du respect de cette fine ligne de démarcation dépendra non seulement la victoire sur les promoteurs de la violence aveugle, mais aussi, la capacité de notre pays à jouer un rôle de leadership dans l’évolution des sociétés islamiques vers une modernité véritable, respectueuse de leur traditions et répondant à leurs besoins d'épanouissement. Ils demandent en particulier aux services de sécurité de faire preuve de rigueur et de professionnalisme dans le traitement des dossiers des présumés coupables, leurs complices et leurs maîtres à penser. La procédure judiciaire en vigueur doit être suivie en toute rigueur avec pour résultat final une application sans faille de la loi. Le recours à la torture, quelle que soit la gravite du crime reproché, sera non seulement contre-productif, mais pourrait aussi alimenter un cycle de violence qui ferait le jeu des agresseurs de nos paisibles contrées. La sérénité dans l’application de la loi sera le coup le plus efficace que l’Etat de Droit puisse porter à ces promoteurs de la violence aveugle.

Les Mauritaniens vivant aux Etats-Unis renouvellent leur confiance aux autorités élues de leur pays et leur apportent un soutien sans faille face aux défis du moment.

Les Signatures
1. Mohamed Ould Ahmed Ould Tolba ( Alexandria – Virginia )
2. Isselmou Ould Dellahy ( Chicago – Illinois )
3. Ba Ibrahima (Douleer, Collarado)
4. Mohamed Ould Sidi Haiba ( North Carolinia )
5. Tawal Oumrou Ould Baba ( New York )
6. Abdelbaghi Ould Siyam ( Florence – Kentucky )
7. Moussa Wone ( Alexandria – Virginia )
8. Mohamed El-Moctar El-Shinqiti ( Texas )
9. Mamadou Baro ( Arizona )
10. Mohamed Lemine Ould Bah ( Arlington , Virginia )
11. Nourou Touré ( Alexandria , Virginia )
12. Abou Diop ( New York )
13. Amr Ould Seibout ( New York )
14. Yahya Ould Loud ( New York )
15. Ayoub Cisse ( New York )
16. Sidi Mohamed Ould Hassana (Richmont – Virginia)
17. Ahmed Baba Ould Mohamed M’Barek (Louis-ville – Kentucky )
18. Sidi Ould Guaba (Cincinati – Ohio )
19. Yahoofdhou Ould Haimouda (Richmont – Virginia)
20. Mohamed Ould Mohamed Ely ( Petersburg – Virginia )
21. Ali Ould Elemine ( New York )
22. Maata Ould M’Boirick ( New York )
23. Abderahmane Ould Bellal( New York )
24. Lebat Ould Ahmed Lhoucein ( New York )
25. Khadim Ould Layhaidou ( New York )
26. Tijani Ould Sidi ( Washington DC )
27. Yahya Ould Abdi ( Washington DC )
28. Mohamed Ould Meneya ( Washington DC )

Monday, October 5, 2009

Pour le Salut de la Mauritanie

Published by Forum Diaspora, Cridem, Tribune May 2007
http://fr.groups.yahoo.com/group/ForumDiaspora/message/13010

Notre pays n’a jamais été aussi près du salut. Un Président de la République, jouissant de toute la légitimité que confère une élection transparente incontestée, qui affiche clairement sa détermination à rompre avec la façon de gouverner de ses prédécesseurs. Un Parlement ou les forces de progrès ont voie de chapitre et peuvent même savourer l’élection de l’un des leurs à la Présidence de l’Assemblée Nationale. Un Premier ministre bardé de diplômes qui ne manque pas d’ambition et de courage politiques. Des ministres plus ou moins compétents auxquels on ne peut reprocher que d’être pour la plupart issu d’un sérail dont les figures les plus emblématiques ont été sagement écartées.

Mais le gros reste à faire. Le premier Gouvernement représentatif de la Mauritanie a la lourde responsabilité de convaincre les citoyens mauritaniens que la légitimité démocratique rime avec bonne gouvernance, efficacité économique et progrès social afin d’inscrire dans la durée ce précieux joyau qui nous a été servi sur un plateau d’argent par le commandement supérieur de nos forces armées en ce jour désormais historique du 19 Avril 2007. L’échec n’est donc pas une option tant l’enjeu est de taille. Toute tentative minime soit elle de remise en scelle des hommes et des méthodes du passé sera une nouvelle frustration pour un peuple trop longtemps meurtri dans sa chaire et son âme qui creusera encore davantage le fossé d’incompréhension et d’inimité entre les populations et ceux qui les gouvernent. Un fossé dans lequel peuvent s’incruster facilement tous ceux qui ont des agendas particuliers incompatibles avec l’avènement d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.

Un chantier énorme attend l’actuel Gouvernement tant il n’est pas un secteur de l’activité nationale qui ne souffre de problèmes graves, parfois complexes, le plus souvent systémiques. A cela s’ajoute l’impatience compréhensible des populations à voir une amélioration substantielle, tant en quantité qu’en qualité, de la sécurité des biens et des personnes, de la couverture médicale, de l’éducation nationale, des infrastructures et des revenus. L’équation n’est pas facile à résoudre. Il va falloir pourtant trouver des solutions aux nombreux problèmes qui empêchent les mauritaniens de vivre dans la dignité et l’honneur et envisager l’avenir avec sérénité et optimisme. Il va falloir agir et vite car l’état de grâce n’ira pas au-delà de l’année 2007.

Pour son salut, ce pays doit s’installer rapidement et pour de bon dans une nouvelle logique de gouvernement incarnée par des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause, par un discours qui colle a la réalité et évite le mensonge et la langue de bois, par la fin de l’impunité, par une identification sérieuse des priorités nationales loin des intérêts d’individus et de groupes, et par une prise en charge réelle des besoins les plus essentielles des populations en terme de revenus, d’infrastructures, de santé et d’éducation. Le Gouvernement de Zein Ould Zeidane devra être jugé sur sa capacité à traduire ces principes dans la pratique de tous les jours en combinant la persuasion par l’exemple à la fermeté de l’action. En agissant de la sorte, il pourra alors compter sur les nombreuses volontés qui n’attendent que les bons signaux pour s’engager dans cette entreprise exaltante que constitue la refondation de l’Etat mauritanien pour la reconstruction d’une Mauritanie forte, démocratique et prospère.

Des hommes dont l’intégrité et l’expertise sont hors de cause

Bien que cela figure en bonne position dans le programme du Président de la République, le choix des hommes qu’il faut buttera sur la formidable machine de résistance que constituent tous les incompétents et Dieu sait qu’ils sont nombreux qui ont accédé et gravé les échelons de la fonction publique par les voies quasi mafieuses de cooptation, clientélisme, népotisme, falsification de diplômes et autres usages de faux. Beaucoup de fonctionnaires actuellement en service, surtout dans la haute Fonction Publique excellent dans ces procédés incompatibles avec les principes d’égalité d’accès aux emplois de l’Etat et l’exigence de recruter des agents publics à fort potentiel de productivité et de performance. Pire, ces commis de circonstance, façonnées par la médiocratie des « vingt glorieuses » ne peuvent concevoir un système administratif ou ces procédés ne sont pas la règle. Souvent sans qualification et toujours enclin a la malversation, ces fonctionnaires ont tellement abusé des pouvoirs qu’offrent les charges étatiques au vu et au su de tout le monde qu’il est devenu inimaginable qu’ils puissent s’intégrer dans une administration de développement juste et équitable. Ils occupent, aujourd’hui, les hautes sphères de la hiérarchie administratives (Ambassadeurs et Directeurs Généraux) et comptent bien y rester au grand dam de tous ceux qui aspirent à une Fonction Publique professionnelle ou seuls les critères de la compétence et de l’intégrité déterminent les nominations, les promotions et la carrière des fonctionnaires.

Il ne sera pas facile de les déboulonner. On ne peut cependant imaginer un processus de changement qualitatif qui ne commencerait pas par la mise à l’écart de ces individus dont la présence dans les hautes sphères de l’Etat jette du discrédit sur l’action publique et pourrait si des verrous ne sont pas mis en place saboter le programme de reforme du Président de la République.

Tant que les nominations aux emplois de l’administration n’obéissent pas a des critères rationnels largement acceptés et respectés, les grains de la discorde continueront à germer dans les esprits et à hypothéquer l’avenir de la nation mauritanienne. Je suis sur que le Ministre de la Fonction Publique et la modernisation de l’administration et son Secrétaire Général ont des idées intéressantes dans le domaine et peuvent compter, pour la première fois, sur l’appui du Chef de l’Etat. J’espère qu’il auront le courage et la volonté de secouer l’appareil et proposer des reformes volontaristes, loin des petites retouches, qui changent en profondeur le visage, l’esprit et le corps de la Fonction Publique mauritanienne.

Ce pays regorge de compétences qui ont été trop longtemps écartées du champs de la décision publique et qui cherchent pas mieux que servir l’Etat avec abnégation, savoir faire et sens de l’intérêt général. La clé de la réussite réside dans la mise en place de systèmes qui permettent de les détecter et de les motiver. Mais auparavant, il va falloir leur faire de la place en nettoyant l’écurie de toutes les planques inutiles et de tous ceux qui ne peuvent s’adapter durablement à la donne d’une administration moderne ou seuls les mieux éduqués et les plus intègres ont vocation a servir l’entité nationale.

Il fallait commencer par le Gouvernement. Chacun comprend que la formation du premier gouvernement de la IIIieme République est un exercice difficile compte tenu de la multiplicité des variables et l’exigence quelque peu contradictoire d’écarter les figures les plus connues du sérail qui se trouvent par ailleurs être les éléments les plus actifs de la majorité présidentielle. Le Président de la république et son Premier ministre y ont réussi dans une grande mesure mais au prix d’une pléthore de département ministériels que ne peut justifier a priori que la volonté d’intégrer certains hommes dans l’équipe gouvernementale. Si Sarkozy promet un Gouvernement de quinze Ministres pour la France, un pays sur administré de plus de soixante millions d’habitants alors, a mon avis, la Mauritanie peut se suffire d’une dizaine.

Un Gouvernement réduit n’est pas seulement un signal fort pour les administrations qui ont une tendance naturelle et coûteuse à la prolifération. C’est aussi une manière pragmatique de modérer l’appétit des politiques et les obliger à donner le maximum d’eux même pour rendre l’action gouvernementale plus cohérente et mieux coordonnée.

Il n’est jamais tard pour apporter les corrections appropriées et les appels de M. Mohamed Ould Mouloud a un gouvernement d’Union Nationale reste d’opportunité s’il ne procèdent pas d’un calcul politicien susceptible de remettre en scelle certains de ses collègues députés largement compromis dans la gestion du passé. Le Président de l’UFP devra expliquer ce qu’il entend par « même la majorité présidentielle n’est pas représenté au Gouvernement » et arrêter de nous paniquer avec ses scénarios catastrophes. La Mauritanie n’est plus en crise depuis que des institutions démocratiques sont en place et une majorité confortable s’apprête a gouverner. Il reste toutefois que tendre la main aux vaincus et les inviter à rejoindre, pour ceux qui le désirent, le camp des vainqueurs est une attitude chevaleresque opportune dans ces moments de communion nationale. J’espère seulement que cet dirigeant politique qui a acquis des lettres de noblesse dans le refus de la compromission ne fait pas un écho aux « regrets » de M. Ghrini Ould Mohamed Vall qui considère lui aussi que seule l’APP et le courant du Premier ministre sont représentés dans le Gouvernement actuel.

Dans tous les cas, le Premier Gouvernement de l’ère démocratique mérite qu’on lui fasse confiance et qu’on lui donne le temps de s’affirmer et montrer ce dont il est capable. Pour le salut de la Mauritanie, je lui souhaite beaucoup de réussite.

Sidi Ould Cheikh Abdellahi, le candidat du consensus

Published by Forum Diaspora, Cridem, Tribune et Calame Janvier 2007
http://fr.groups.yahoo.com/group/ForumDiaspora/message/12251


D’emblée, je ne peux cacher ce qui peut, a tort ou a raison, faire apparaître mon opinion comme biaisée, a l’égard du candidat indépendant, Sidi Ould Cheikh Abdellahi dont l’immixtion dans la scène politique brouille bien des cartes et sa probable victoire dérange paradoxalement autant les forces qui incarnent le changement que certains segments de l’ancien régime qui s’expriment a travers les journaux de Inimish et Nouakchott-info et/ou se rangent derrière la candidature de Mr Zeine Ould Zeidane. Sidi est, en effet, le fils aînée d’une grande figure de l’Islam en Mauritanie dont le savoir, la piété, l’enseignement et la proximité ont profondément marqué l’environnement familial dans lequel j’ai grandi et continuent, de nos jours, a y susciter un attachement réel et sincère a tout ce qui se rattache a cet érudit hors pair. Cela dit, et loin de moi l’idée de sous estimer l’influence de ces liens émotionnels qui transcendent les générations et font, pour le meilleur et pour le pire, la spécificité de notre culture arabo-islamique, je considère que dans le cas présent et en ce qui me concerne, ils ne jouent qu’un rôle mineur en comparaison avec l’immensité de l’enjeu et la personnalité du candidat.

L’enjeu n’est autre qu’une rupture totale avec la manière dont le pays est gouverné depuis l’indépendance et surtout depuis que les chefs militaires se sont décrétés « dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale » et ont propulsé a la tête de l’Etat un officier, sans charisme, qui a su, a l’aide de ses conseillers et parrains, exploiter, avec une facilité déconcertante, les instincts de survie et de domination qui existent en chacun de nous, pour se maintenir au pouvoir et permettre a ses laudateurs et courtisans de piller les ressources de l’Etat et saper le peu de crédibilité que les institutions publiques ont acquis durant les premières années de leur existence.

L’enjeu n’est pas moins qu’une autre logique de gouvernement qui réconcilie les mauritaniens avec eux même, met fin à l’arbitraire et l’impunité, inspire la vertu et la confiance, et offre l’égal accès pour l’emploi et la ressource publique a tous selon des critères impersonnels, clairement établis, de justice et d’équité.

L’enjeu est de taille, le candidat aussi. Je défie quiconque de mettre en cause la personnalité de Mr Sidi Ould Cheikh Abdellahi dont la compétence, l’intégrité, la respectabilité et l’honorabilité sont reconnues par tous, même et peut être mieux par les plus virulents instigateurs de la campagne d’intoxication visant à discréditer sa candidature. De l’avis de tous ceux qui l’ont côtoyé dans l’exercice de ses fonctions, Sidi est un serviteur efficace, honnête et loyal de l’intérêt général. Ses réalisations en témoignent de la nationalisation de la Miferma a la nouvelle politique des pêches en passant par la création de la monnaie nationale et la répartition des clés de répartition de l’énergie produite par les barrages de l’OMVS pour ne citer que les plus visibles, celles a caractère stratégique dont les bénéfices continuent de profiter a la nation.

Sidi n’a jamais usé d’une charge publique pour s’enrichir et distribuer des faveurs a ses proches. Il s’est trouvée contraint a l’exile comme d’ailleurs beaucoup de ses collègues technocrates du Gouvernement de Moktar Ould Daddah pour offrir ses services a d’autres plus intéressés par ses qualifications et surtout gagner sa vie honnêtement quand la vertu a commencé a déserter les hautes sphère de l’Etat.

Revenu au pays en 2003 pour passer des jours paisibles de retraité sans soucis autres que ceux de voir la jeune nation construite du néant par la volonté d’une certaine génération s’enliser dans une crise profonde de mauvaise gouvernance qui menace l’existence même de l’entité nationale. Il participe dans les tentatives de dialogue entre pouvoir et opposition du printemps -été 2005 et se félicite, comme la majorité de ses compatriotes, des perspectives offertes par les changements du 3 Août.

Aujourd’hui le devoir national l’appelle de nouveau et, comme dans le milieu des années 80, il répond présent avec une différence de taille que cette fois, c’est du leader en chef qu’il s’agit, celui qui ne répond qu’a sa conscience et au peuple qui l’a mandaté. Il n’y a aucune raison de ne pas le créditer, au moins, du préjugé favorable, celui qu’on accorde naturellement a celui qui n’a pas d’antécédents stipulant le contraire.

Mr Sidi Ould Cheikh Abdellahi appartient a une race de leaders en voie de disparition dans notre pays depuis que « la politique du ventre », le clientélisme, le carriérisme et la médiocrité instituée comme étalon de mesure de la valeur, ont enraciné, sur la durée, une nouvelle et étrange conception du leader devenu au fil du temps celui qui ment, dissimule ses intentions, s’enrichit en silence sur le dos du contribuable - local occidental, chinois ou japonais qu’importe - et ne voit de l’intérêt général que ce qui sert ses besoins particuliers de survie et de domination. Il est même devenu difficile de convaincre nos citoyens de l’existence de cette race de leaders tant la méfiance est grande a l’égard de ceux qui se réclament de la vertu, tellement cette dernière a été utilisée comme couvert pour arriver a des fins qui lui sont opposées.

Une race de leaders imprégnés profondément des principes et valeurs véhiculés par cette culture islamique, locale, et traditionnelle qui fait notre caractère national et considérablement enrichis par l’apport de l’éducation, les sciences et les techniques acquises auprès du reste du monde.

La Présidentielle qui arrive doit être l’occasion pour l’élite de promouvoir cette conception du leadership et pour le peuple de choisir un homme charismatique, propre, ayant les qualités humaines, techniques et managerielles pour conduire notre pays de la croisée des chemins aux horizons prometteuses de concorde nationale et de synergies positives entre les différents groupes économiques et socioculturels.

Plus que tout autre prétendant a la magistrature suprême, Mr Sidi Ould Cheikh Abdellahi offre a notre pays l’opportunité de sortir du schéma classique de la guerre des tranchées qui a dominé l’ère de l’ancien Chef de l’Etat ou le seul perdant est la Mauritanie et la majorité des citoyens qui ne demande qu’a voir une amélioration durable de leurs conditions de vie. Il n’est le candidat d’aucun parti, n’appartient ni a l’ancien système, ni a son opposition et n’a pas l’intention de reconduire le modèle de gestion publique existant avant le 3 Août 2005. Il défend un programme sérieux de changement radical centré sur l’unité nationale et la construction d’un Etat fort et juste et propose de le mettre en œuvre avec tous les mauritaniens sans exclusion. S’il jouit du soutien « des militaires » ou des dignitaires de l’ancien régime, cela ne peut être qu’un plus mis au crédit de ces derniers qui manifestement ont compris que l’heure est grave et qu’un véritable dépassement de soi est nécessaire pour permettre a notre pays de franchir cette étape cruciale de son développement.

Il est difficile de comprendre la fébrilité, voire le pessimisme et l’anxiété, réelle ou feinte, qui caractérise les forces intéressées par le changement au moment ou notre pays vient de vivre les premières élections libres de son histoire et s’apprêtent a conclure la transition par l’élection au suffrage universel d’un Président que tout indique qu’il sera un homme compétent en dehors du sérail plus enclin a favoriser qu’a résister les reformes essentielles dont le pays a besoin pour retrouver son unité et se mettre dans les conditions d’un développement durable de ses ressources. Il y a malheureusement comme un air de déjà vu, « moi ou le chaos », une résurgence d’un passé non lointain ou tout est conspiration et diabolisation de l’adversaire, a la différence que cette fois, ce sont les parias d’hier qui adoptent cette stratégie incompatible avec l’exigence du consensus pour gouverner autrement.

Le procès qu’une certaine classe politique intente au candidat Sidi Ould Cheikh Abdellahi est injuste et a certains égards indignes. Le soutien « des militaires » et des dignitaires de l’ancien régime a été et reste activement recherché par toutes les forces politiques pour la simple raison qu’au lendemain du 3 Août 2005 et jusqu'à nos jours, il est considéré par tous comme la clé de la victoire. Personne n’a osé parier sur le citoyen lamda sous le prétexte un peu court que la tribu et l’argent sont incontournables et qu’il n’est pas possible de changer les mentalités en quelques mois comme si plus de quinze ans de lutte sur le terrain n’ont pas produit d’effets significatifs. Un aveu d’échec, une précipitation ou une préférence pour le shortcut ou le moindre effort qu’importe, le résultat a été l’opportunité grande ouverte pour les éléments les plus nocifs de l’ancien régime de se recycler en « grands électeurs » et marchander au plus fort leur adhésion a des formations politiques dont les yeux sont désormais rivées sur les échéances électorales. Les positions de principes en ont pris un sacré coup mais aussi la crédibilité de ceux qui ont pourtant beaucoup sacrifié pour la lutte politique dans notre pays. Cela explique pourquoi finalement la recomposition tant attendue du paysage politique s’est faite autour, au lieu d’en dehors, du schéma traditionnel de luttes claniques pour l’accession au pouvoir en remettant a plus tard la visibilité des objectifs poursuivis.

Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que tous ceux qui veulent tourner la page voient dans l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdellahi la seule alternative pour créer les conditions d’un refresh start, d’une ère nouvelle ou tous peuvent participer a l’œuvre de reconstruction nationale sur les seules bases de la probité morale et de la compétence professionnelle. Pour que personne ne sera plus exclu pour la simple raison qu’il appartient au mauvais coté et pour que la loi s’applique a tous, même pour ceux qui ont l’habitude de se sentir en dehors du champ de son application. Qui dit mieux ?

Des elections parlementaires

Pour la formation d’un Gouvernement de sortie de crise et de renforcement de la démocratie.

Avec le changement intervenu le 3 Août 2005 a la tête de l’Etat, les dernières élections municipales et parlementaires constituent une avancée significative sur la voie de la normalisation et de la décrispation de la scène politique. Pour ceux d’entre nous qui aspirent à une Mauritanie réconciliée, ou le dialogue l’emporte sur la confrontation, l’inclusion sur l’exclusion, et la recherche de solutions concrètes aux problèmes sur la fuite en avant vers l’abîme, le rêve n’est plus du domaine de l’impossible. La démocratie est en marche et si l’expérience continue les citoyens se feront de mieux en mieux entendre infusant le bon sens populaire dans la formulation et l’exécution des politiques publiques et mettant en garde ceux que la charge publique tend à transformer en despotes corrompus et inefficaces contre leurs penchants naturels a l’abus. A terme, il est permis d’envisager l’adaptation de la classe politique a cette donne et l’émergence d’une élite politico administrative et économique digne de ce nom, respectueuse des aspirations des populations et ayant suffisamment de créativité et d’entrepreneurs hip pour résoudre leurs problèmes.

La qualité de cet ajustement et le temps qu’il prendra dépendront, néanmoins, en grande partie, de la capacité de ceux fraîchement investis d’une légitimité populaire incontestable de dépasser les déterminants de cette investiture et se projeter dans leur nouveau statut de représentants de la collectivité nationale et défenseur des ses intérêts pour créer les conditions d’une rupture totale avec la manière dont le pays est gouverné depuis l’indépendance et surtout depuis que les chefs militaires se sont décrétés « dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale » et ont propulsé a la tête de l’Etat un officier, sans charisme, qui a su, a l’aide de ses conseillers et parrains, exploiter, avec une facilite déconcertante, les instincts de survie et de domination qui existent en chacun de nous, pour se maintenir au pouvoir et permettre a ses laudateurs et courtisans de piller les ressources de l’Etat et saper le peu de crédibilité que les institutions publiques ont acquis durant les premières années de leur existence. Pour rompre avec une logique de gouvernement qui maintient, par l’ignorance et la domestication, les populations a l’écart des formidables transformations qu’a connu le monde ces deux dernières décennies en terme de création de richesses et de développement humain et technologique, et, dans le même temps, permet a une minorité influente d’affairistes de faire main basse sur l’économie nationale par le biais de la corruption à grande échelle, la prébende et les passe-droits. Pour en finir avec la culture de l’arbitraire qui confond, a dessein, impunité et tolérance, assimile l’exigence de justice aux règlements de comptes et prescrit l’oubli et « le pardon » comme seul remède a la crise de confiance qui mine les institutions publiques et les relations entre les différents groupes et segments de la société. Enfin, pour concevoir une formule juste et équitable pour régler les passifs lourds laissés en suspens, comme des épées de Damoclès, qui hypothèquent sérieusement la capacité de notre pays à reconstruire son unité sur un système efficient de valeurs et de comportements.

Le moment est critique et commande aux politiques un dépassement de soi inconnu auparavant comme d’ailleurs l’est la transparence des élections qui a porté ces derniers sur le devant de la scène. La capacité des mauritaniens à s’ajuster positivement aux exigences de la vie communautaires et aux contraintes/opportunités du monde moderne sera fonction de la qualité des changements en cours dans le dispositif institutionnel et des processus de prise de décision et les résultats concrètement palpables par le commun des citoyens.

Tout porte à croire que notre nouvelle Assemblée Nationale sera, pour le meilleur, une tribune animée ou seront débattues avec passion toutes les questions même celles qui pompent les nerfs a certains et les font sortir de leurs réserves habituelles. Elle comptera en son sein des leaders parmi les plus charismatiques de la scène politique nationale et tous les grands courants d’opinion et groupes sociaux y sont correctement représentées. C’est l’occasion de dire merci aux autorités de transition et constater que notre administration publique est capable, malgré ses nombreux et variées dysfonctionnements, de produire des résultats satisfaisants. On peut dire le mal qu’on veut du CMJD et son gouvernement et même avec raison souligner les insuffisances de leur gestion mais on ne peut ignorer le bien qu’ils auront fait pour ce pays en conduisant a son terme un processus politique qui permet aujourd’hui d’espérer pour les Mauritaniens des lendemains meilleurs.

Mais l’Assemblée Nationale sera, aussi, espérons non pour le pire, le reflet de l’indécision de notre peuple partagé entre le désir du changement véhiculé principalement par les partis de l’ancienne opposition et la peur de l’avenir et son corollaire l’attachement aux statu quo perçu comme un moindre mal dont l’expression se trouve dans le soutien populaire relativement important aux candidatures indépendantes qui ont en commun leur encrage local et leur appartenance a l’ex majorité présidentielle. Il n’y a pas de majorité claire au grand dam de ceux qui caressaient le rêve d’écraser l’adversaire et crier victoire mais aussi a la déception et même l’inquiétude de ceux qui croient au rôle décisif de la chambre basse du parlement dans l’impulsion des reformes et l’approfondissement de la démocratie. Une situation qui remet a jour la nécessité du dialogue et « du compromis historique » pour sortir notre pays de la crise multidimensionnelle dans laquelle l’a plongé vingt ans de pouvoir personnel, de carriérisme politique et de défaillance institutionnelle. On revient presque a deux ans en arrière avec la différence notable que les parias d’hier ont acquis une place confortable dans la configuration politique actuelle et qu’aucun pouvoir en place n’a le désir, ni même les moyens de saboter une discussion franche et sérieuse entre des formations politiques fraîchement mandatées par les populations pour représenter leurs intérêts, pouvant déboucher sur un mémorandum de sortie de crise et pourquoi pas d’une plate forme commune de gouvernement.

Le pire serait que dans un contexte de fragilité institutionnelle et de peu d’encrage des pratiques démocratiques, la classe politique s’aventure dans une guerre de tranchées, de débauchages réciproques en vue de créer des majorités artificielles, pour s’emparer du gouvernement et de l’administration et manipuler le Parlement. Ce dernier y perdra toute crédibilité et on assistera alors a une instabilité gouvernementale chronique qui aboutira, dans le meilleur des cas, a une dissolution de l’Assemblée Nationale et un retour presque assuré a une chambre basse monocolore, a la solde de l’exécutif, le peuple n’ayant pas encore développé la capacité de résister aux sollicitations de son Chef. Une perspective dangereuse qui ouvre la voie à tous les dérapages dont le plus probable est la prise de pouvoir, une fois encore, par les chefs militaires et l’ajournement, jusqu'à nouvel ordre, du projet démocratique. Une perspective que beaucoup dans l’establishment ne verraient pas d’un mauvais œil pour l’opportunité qu’elle leur offre de ne jamais répondre de leurs actes.

Ce qui est demandée, aujourd’hui, n’est pas moins qu’une forte dose de volontarisme, d’abnégation et d’oubli de soi, non seulement dans les paroles, mais surtout dans les actes pour dégager une majorité stable des bonnes volontés pouvant soutenir dans la durée un Gouvernement de compétents et d’intègres capable de propulser notre pays sur une nouvelle orbite. Un Gouvernement et une majorité stable qui travailleront main dans la main pour casser rapidement le cercle vicieux de la pauvreté, de l’injustice, du désespoir et de l’irrationnel dans lequel tourne la plupart de nos concitoyens. C’est l’exigence du moment pour que demain on puisse arriver a un jeu politique assainie ou l’équilibre des pouvoirs est assuré par des institutions publiques devenues impersonnelles et au service de la République et ou le Gouvernement et son opposition sont chacun en ce qui le concerne conscients de leur rôle et déterminés a le remplir mais a ne pas le dépasser.

Rien a mon avis n’empêche la formation de cette majorité ni dans les principes, ni dans la réalité politique du moment. Les partis politiques ne défendent pas des idées fondamentalement divergentes et les bonnes volontés, la compétence et l’intégrité n’est l’apanage, ni le monopole d’aucune formation particulière. De plus, les élus ne peuvent prétendre s’être liées les mains par des engagements précis qu’ils auraient pris durant les campagnes électorales. Tous ont défendu la nécessite du changement et désavoué chacun a sa manière la façon dont le pays est gouverné. Même la traditionnelle dichotomie ex-opposition-ex-majorite n’a plus de sens du fait que les transfuges occupent des positions dominantes dans les formations de l’ex opposition et le PRDR, héritier du PRDS n’est plus ce parti arrogant et dominateur depuis le départ forcé de son Président et l’hémorragie des candidatures indépendantes.

La balle est aujourd’hui dans le camp des grands partis réunis au sein de la coalition des forces du changement qui doivent tendre les mains aux partis de l’ex majorité présidentielle et les indépendants. Ces derniers devront auparavant montrer qu’ils sont plus qu’un ensemble de singletons unis par le seul souci de la sauvegarde de leurs privilèges indus et la défense du statu quo. Il ne sera pas question seulement de partages de postes comme c’est la coutume mais l’accord, dans les détails, sur un programme de Gouvernement. C’est l’occasion pour les partis politiques de s’exercer à la négociation, à la politique dans toute sa noblesse, à l’art du possible, pour dégager une plate forme commune de Gouvernement pour les cinq années a venir. Une fois l’accord obtenu, chaque parti politique aura en charge un ou des (sous)secteur(s) de l’activité gouvernementale selon sa représentativité et sa capacité a faire mieux que les autres. En sa qualité de premier parti du pays - une position validée par les urnes et non la résultante d’une construction postélectorale comme le serait un parti des indépendants - c’est au RFD que revient la responsabilité et l’honneur de conduire ce processus a son terme pour que la Mauritanie appartienne désormais a tous sans exclusion et que cette entreprise communautaire postcoloniale retrouve les élans patriotique des indépendances et s’engage sans retour sur la voie de l’honneur, la fraternité et la justice.