Wednesday, April 30, 2014

Mon avis aux dialogueurs de la république Islamique de Mauritanie



Le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, ne mettra pas son fauteuil présidentiel en jeu au moment où rien ne l’y oblige.  Aucun président, fusse il « le père de la nation » ne l’a fait avant lui sauf contraint et obligé par la force des armes, je dis bien les armes et pas le peuple, ni a fortiori la loi et les urnes. La politique étant l’art du possible, je conseille à nos hommes politiques d’être pragmatiques et d’œuvrer à la consolidation des acquis - maigres soient-ils - au lieu de les fragiliser par des logiques maximalistes qui ont peu de chance d’aboutir.

Aussi, je recommande au Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) de mettre sur la table des négociations en cours son potentiel soutien pour le Président Aziz pour un second mandat en contrepartie de sa participation au gouvernement. Cela me parait plus conforme à l’enjeu du moment car je ne vois pas ce que l’opposition gagnerait dans un boycott sans effet ou dans le meilleur des cas dans une participation à une élection même transparente qu’elle perdra surement pour in fine crier au holdup électoral et on revient à la case du départ. Il faut rompre ce cercle vicieux et ce que je propose me parait être la meilleure voie pour cette rupture.

Ce que le FNDU réclame, d’ailleurs légitime à plus d’un égard,  n’est pas moins qu’un programme de gouvernement. Est-il en effet possible d’assurer la neutralité en quelques mois d’une administration, truffée d’incompétents et d’arrivistes rompus aux tactiques politiciennes, et  habituée depuis des lustres a l’inféodation au prince du moment ? Cette question est aussi valable pour le pouvoir judiciaire qui contrôle en dernier recours le processus électoral et la commission Electorale Independent qui en assure l’exécution. Et pas de n’importe gouvernement car ces questions mettent en jeu des intérêts colossaux en même temps qu’une culture enracinée que seul un gouvernement disposant d’une large assise populaire peut tacler.

Une telle stratégie donnerait un sens réel au dialogue en cours et offre une sérieuse chance de pacifier une scène politique dont l’incessant tourbillon enferme notre pays dans une spirale d’inaction sur les questions de fonds comme l’éducation et la santé, l’économie et la bonne gouvernance.   Les négociations tourneront alors autour d’un programme de gouvernement auquel les partis de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) peuvent souscrire et participer à sa mise en exécution.  Je dis bien les partis de la COD car je crois que Tawasoul doit rester dans l’opposition auréolé qu’il est par sa fraiche performance électorale pour diriger l’institution de l’opposition. L’Assemblée Nationale actuelle ne sera pas dissoute. D’ailleurs, l’octroi au président de la République du pouvoir de dissoudre un organe législatif sensé être n’a pas de sens à mon avis mais la France parait être le modèle en la matière pour nos éminents constitutionalistes.

Un accord dans ce sens entre pouvoir et opposition permettra à notre pays l’économie d’une élection présidentielle sans véritable enjeu et à notre classe politique de se préparer dans un climat apaisé aux futures échéances électorales et à notre gouvernement d’entreprendre les réformes institutionnelles de fonds pour créer les conditions durable de progrès économique et de cohésion sociale. Le Président de la République sortira grandi d’un tel accord car non seulement il pourra gouverner avec un large appui politique mais aussi se prévaloir devant l’histoire d’une image de rassembleur qui jusque-là lui a fait défaut.