Thursday, November 1, 2012

Notre pays n’a pas de constitution

Qu’on le veuille ou non, la balle, perdue ou non, du 13 Octobre 2012 a mis fin à la constitution de façade mise en place en 1991 par l’ancien Chef de l’Etat Mu’awiya Wul Sid’Ahmed Wul Taya’ et soutenue par une élite politique faute d’un mieux que cette dernière n’a jamais sérieusement cherché à imaginer. La constitution continue, cependant, d’être évoquée par tous les acteurs politiques comme s’il s’agissait d’un document fondateur auquel tous sont attachés sans que personne n’est le courage de dire que le pays n’a tout simplement pas de constitution et qu’il est temps que les « forces vives » aient comme priorité d’un rédiger une suivant les règles communément admises et récemment suivies dans les pays arabes en transition vers la démocratie comme la Tunisie, l’Egypte et la Lybie.

Parce que le papier qui tient lieu de constitution a été rédigé à la seule fin de plaire au prince du moment, il a bien évidemment avalisé la situation de fait depuis l’indépendance que le Chef de l’Etat détient tous les pouvoirs mais a aussi omis le cas d’empêchement provisoire de celui-ci, un crime de lèse-majesté à son Omniprésence, que nos constitutionalistes attitrés ont malicieusement évité. Aussi, Muhammad Wul ‘Abd al-‘Aziz, qu’on le veuille ou non, reste « constitutionnellement » le Président de la République, si république il y a, même s’il est cloitré quelque part dans un endroit inconnu, sans qu’on sache quand and comment il apparaitra  de nouveau pour diriger à sa guise les affaires de « son Etat. » Cette situation ne semble pas déranger outre mesure les divers fondés de pouvoir public, à commencer par « la grande muette » dont la chaine de commandant ne parait pas souffrir de l’absence de son commandant en chef. Les chefs militaires paraissent se suffire des ordres  de leur chef d’état major, le Général Muhammad Wul al-Ghazwani qui devient de facto le commandant en chef des forces armées, un poste qui se confond dans l’entendement général avec celui de Chef de l’Etat. La rumeur ne s’y est pas probablement trompée en suggérant que le Général al-Ghazwani assure de facto l’intérim du Chef de l’Etat, lui-même ancien Général, fondateur de ce conseil des Généraux, appelé Haut Conseil d’Etat, qui s’est substitué « constitutionnellement » au président sans grade militaire « accidentellement élu» dont la vacance a été forcée mini-militari.  

Et ce n’est pas le réveil tardif de Mes’ud Wul Bulkeir qui s’accroche a un mandat périmé de député et de Président de l’Assemblée Nationale qui peut changer quelque chose a ce vide « non-constitutionnel ». Il peut certes se prévaloir de sa « gazra » à la chambre basse pour faire du bruit mais il ne saisira pas le Conseil constitutionnel dont la jurisprudence a pourtant déjà constitutionalisé un coup d’Etat au nom de l’impossibilité de la vacance même momentané du pouvoir. Mes’ud a obtenu sa part du gâteau et il tient désormais à cette stabilité de façade qui lui permet de se la couler douce au moment ou ses anciens amis continuent de subir les affres de l’opposition. D’ailleurs, même s’il s’oubli pour un moment dans ses délires d’ex-opposant et saisit le Conseil constitutionnel, Sghair Wul M’Bareck ne ratera pas l’occasion de rabrouer son ancien concurrent dans la mouvance al-Hur, à moins que l’inconnu détenteur réel du pouvoir ne lui ordonne autrement.

Mais qui est donc le détenteur réel du pouvoir? Les regards se tournent vers le Général al-Ghazwani qui assure de facto l’intérim de son ami et mentor depuis le coup du 6 Aout 2008. Mais l’intérimaire dans l’esprit des Mauritaniens n’hérite pas forcement le pouvoir du titulaire. Au contraire, il n’est la que pour gérer la routine en attendant que l’ordre revient a la normale. Il n’est, des lors, pas certain que le plus gradé de notre armée nationale ait les mains libres pour afficher un pouvoir quelconque. D’autres probablement le surveillent, prêts à contrecarrer son action s’il lui arrive de « faire le malin ». Les soubresauts de Mes’ud et l’alerte au sein de la puissante coterie de ‘Aziz indiquent un émiettement, espérons momentané, du pouvoir du Chef de l’Etat. Des forces occultes s’observent en silence dont l’affrontement, jusque la contenu, risque de s’accentuer à mesure que dure la vacance du pouvoir présidentiel et qu’augmentent les incertitudes autour de retour présumé de son détenteur « constitutionnel ».   

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, cet équilibre informel et instable au sommet de l’Etat, se conjugue avec des mouvements de guerres aux frontières de notre pays qui sont porteurs de risques majeurs d’instabilité régionale et dont la Mauritanie ne peut s’en soustraire. Aussi Prions pour qu’’Aziz se rétablisse rapidement ou qu’un autre l’évince rapidement pour que notre pays retrouve sa normalité, en espérant,  que la balle, perdue ou non, du 13 Octobre 2012 aura servi à éveiller la conscience sur les périls de gouverner sans prévoir.

Avec ‘Aziz ou pas, la classe politique devra méditer la leçon et engager, dans la sérénité, un dialogue sérieux pour un processus de reforme qui commence par la mise en place d’une constitution suivant les règles de l’art, s’inspirant des exemples récents des pays arabes en transition vers la démocratie : la désignation d’un gouvernement de consensus, l’élection d’une assemblée constituante, et la rédaction d’une constitution qui prend en charge les besoins réels de bonne gouvernance, au lieu de n’être qu’un papier qui légalise les abus de l’homme fort du moment et sa coterie.

 

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