De l’étranger ou je vis loin de mon pays et de ses soubresauts, je ne peux m’empêcher de suivre l’évolution de la chose publique avec l’espoir permanent du « breakthrough », du moment ou l’ensemble des acteurs de la politique nationale enteront la hache de guerre et adoptent une attitude positive en vue d’orienter le pays vers des lendemains meilleurs et mettre en place les conditions durables de la bonne gouvernance. Je comprends que la gestion unilatérale par le pouvoir du processus électoral et la volonté délibérée de l’administration de saboter les acquis démocratiques ont sapé la confiance que nous pourrions avoir en la capacité des institutions nationales de pacifier le pays et de lui insuffler une dynamique de paix et de développement. Le résultat est aujourd’hui un blocage a tous les niveaux ou le dernier né des formations politiques appellent au renversement armé du régime et ou le Chef de l’Etat reconnaît les failles du système sans que cela, et dans les deux cas, ne suscite une réaction significative de la part des acteurs politiques. Je n’ignore pas les réactions de mon ami Mohamed BABA, ni celles de Hormtallah et du Parti de Ould Mouloud mais elles restent insuffisantes et dénotent d’une léthargie généralisée de la classe politique. Je crois pourtant que ces évènements que beaucoup d’entre nous jugent insignifiants sont un appel au secours à la manière mauritanienne. Chacun, a sa façon, dit que « ça va très mal » sans qu’il est le courage de reconnaître que rien de positif ne pourrait sortir de la situation actuelle sans que Pouvoir et Opposition discutent sérieusement et cessent de vouloir coûte que coûte liquider l’autre.L’opposition doit reconnaître que son manque de réalisme et de dynamisme créatif lui a fait manquer des opportunités de participer plus efficacement et de peser plus lourdement dans l’orientation du pays et sa gouvernance. La stratégie de la confrontation et du boycott n’est pas payante dans un pays ou l’Opposition a une capacité de mobilisation et une marge de manœuvre limitées. La politique étant l’art du possible, les dirigeants des partis d’opposition doivent développer une stratégie de compromis, la seule voie qui leur est ouverte d’influencer peu soit il sur l’évolution du pays.
Je prétends qu’il est opportun que les dirigeants des Partis d’opposition déclarent leur intention sincère d’un dialogue constructif avec le pouvoir et demandent à voir le Chef de l'Etat ensemble ou séparément. Ils devront exprimer sans ambages leur volonté de participer à la gestion du pays à tous les niveaux et expliquer les bénéfices que le pays peut tirer de cette participation en terme de pacification, de stabilité et de développement. Je salue a ce titre l'inititive de Ould Mouloud et lui souhaite bonne chance dans son entreprise de dialogue avec le Chef de l'Etat. Le compromis, n’étant pas la compromission, cette stratégie nouvelle doit s’accompagner d’une rigueur au niveau des valeurs et des comportements. Il ne s’agit pas de la politique du partage du gâteau, chère à nos activistes et source de la crise de confiance qui paralyse notre pays. Il s’agit plutôt d’élargir l’offre de compétences afin que les institutions publiques disposent des ressources appropriées pour le développement de leur efficacité et de leur efficience. Evidemment, un changement de stratégie de l’Opposition n’aura probablement pas d’effet à court terme si le Chef de l’Etat et son administration continue l’exclusion de tous ceux qui ne montrent pas du zèle dans leur support pour la politique gouvernementale. Si le Chef de l’Etat veut serieusement lutter contre les maux qu’il a décrit à Kiffa et améliorer la politique de son gouvernement, il aura besoin de recruter au delà de ceux qui applaudissent à chacun de ses discours. Beaucoup de ces derniers sont des corrompus attirés par l’appât du gain facile et peu intéressés par un changement qualitatif, quelques soient par ailleurs les effets positifs qu’ils peuvent en tirer à moyen et long terme.Le Chef de l’Etat ne peut aussi se passer du contrôle populaire et de l’assistance d’institutions publiques efficaces et efficientes. Il doit élargir le contrôle populaire par une meilleure transparence des élections et améliorer les fonctionnements des administrations par un appel systématique aux méthodes modernes de gestion. Ce processus de reforme ne peut être que progressif mais exige de la rigueur et de la persévérance. Le contrôle populaire deviendra plus efficace des que les populations auront la conviction que la neutralité de l’administration est réelle et que les fonctionnaires n’essaient pas d’influencer le résultats des élections dans un sens ou un autre. Une directive présidentielle claire et menacente pour ceux qui faussent le jeu électoral serait bénéfique mais ne pourrait remplacer l’existence d’un corps d’administrateurs compétents et motives et disposants des moyens leur permettant de mettre l’intérêt général au-dessus des considérations partisanes. Les dernières élections municipales et législatives ont été reconnues par la plupart des observateurs et acteurs de la scène politique comme relativement transparentes. Notre pays a besoin de consolider et d’étendre cette expérience démocratique à un niveau d’irréversibilité et de totale transparence. Cependant pour que le contrôle populaire soit efficace, la représentation populaire doit être la plus diverse et la plus qualifiée possible. Il serait opportun de changer la loi électorale pour y inclure une forte dose de proportionnelle et des critères de compétence pour l’élu, en terme d’éducation et d’intégrité. La reforme des institutions doit commencer à mon avis par l’institution éducative et l’Armée. Nous avons besoin d’une école moderne capable de préparer nos enfants et nos jeunes à une vie adulte responsable et productive. Cela ne pourrait se faire que par une revalorisation significative du savoir et de son vehicule principal : l’enseignant. Au delà d’une meilleure utilisation des ressources existantes, l’institution éducative a besoin de moyens supplémentaires importants qui doivent nécessairement être prélevés d’autres secteurs situés à un niveau plus bassur l’échelle des priorités. Notre pays a aussi besoin d’une institution militaire professionnelle, respectueuse des valeurs républicaine, et garante de l’intégrité du territoire et la stabilité des institutions. L’Armée peut aussi constituer un instrument de promotion sociale et de pourvoyeur de services sociaux. Je pense en particulier aux hôpitaux militaires et a la formation aux métiers dispensée au sein de l’institution militaire. Le sécurité du pays et la stabilité de ses institutions ne peut assurée à un niveau acceptable que par des hommes en uniforme capables, fiers et dignes. Cela suppose une mentalité nouvelle mais surtout une meilleure organisation des ressources existantes, le pays ne pouvant se permettre des moyens additionnels, pourque Armée puisse mieux payer ses hommes et leur assurer une vie décente, loin du délabrement matériel qui caractérise aujourd’hui, au moins dans sa face visible cette institution nationale.C’est là une participation modeste à un débat important qui doit être riche et constructif, loin des vindicatives et de la distribution des blâmes.
Published by Forum diaspora July 2004 http://fr.groups.yahoo.com/group/ForumDiaspora/message/4513
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