Wednesday, September 30, 2009

Liberez les Islamistes et continuer le dialogue

Je ne peux que me réjouir du Forum qui a été organisé par le RDU et que nombre d'observateurs de la scène politique nationale, parmi lesquels des sceptiques, ont décris comme « historique » dans le sens ou c'est la première fois depuis le commencement du processus démocratique que des représentants des partis d'opposition et de la majorité de rencontrent, discutent et publient un communiqué commun. Il y a là un pas non négligeable que les esprits «positifs » devrait encourager et consolider pour créer une situation de non retour ou l'espoir est fondé de voir une réconciliation nationale jeter les bases d'un développement durable de la Nation et du citoyen. Il reste beaucoup à faire. La tache est titanesque et le processus long et ce n'est pas une seule rencontre qui viendra à bout des nombreux obstacles qui empêchent l'encadrement national de se mettre d'accord sur les règles fondamentales du fonctionnement du processus démocratique. Il va falloir continuer à discuter et les rumeurs de la tenue d'une prochaine réunion, cette fois-ci sous l'égide d'un parti politique se réclament de l'opposition sont encourageantes. Cependant, les promoteurs du dialogue et de la concorde nationale doivent avoir en vue les attentes et les aspirations de l'opinion publique et profiter du capital de sympathie dont jouissent leurs initiatives pour se lancer ouvertement dans une nouvelle dynamique qui rompt clairement avec les pratiques héritées de la période d'exception. Il s'agit par exemple de s'interdire les arrestations arbitraires, le mauvais traitement des prisonniers, et l'usage de la torture.

Le Pouvoir pourrait ainsi montrer des signes de bonne volonté et prendre l'initiative. Il faut reconnaître en effet que l'opposition démocratique a répondu à l'appel et ce faisant elle joue sa crédibilité par rapport aux mouvements radicaux qui militent pour la confrontation armée avec le pouvoir, à leur avis, la seule voie de salut. Elle a besoin pour continuer à exister de montrer que le choix du dialogue est payant. Mais le Pouvoir décidemment hésite et sème la confusion. A vrai dire rien ne le presse sinon la volonté qu'il aurait d'introduire du sérieux dans la gestion des affaires nationales. Il a pourtant tout à gagner dans ce processus de pacification et il serait dommage de rater cette occasion historique de négocier un compromis national, une sorte de « new deal » qui introduirait plus de participation dans la prise de décision nationale et plus d'équité et de justice dans la création et la répartition de la richesse. Le Pouvoir hésite en refusant de prendre le devant et en s'abstenant de dévoiler clairement son intention à une opinion publique habituée a être désabusées par un encadrement national pour la plupart corrompu et peu efficace. Il sape aussi la crédibilité du processus par l'arrestation et l'emprisonnement des leaders de la mouvance islamique auxquels s'identifie une partie non négligeable de la population et dont la modération et l'esprit d'ouverture sont reconnus par la plupart de leurs partenaires politiques. Il est à craindre que certains veulent vider le dialogue de sa substance et en faire une coquille vide comme ils l'ont fait pour la politique d'alphabétisation, la promotion de la lecture plus connue sous le nom d'El kittab, l'ajustement structurel et j'en passe. Il serait alors un slogan chanté par les griots et les poètes devant un parterre de hauts fonctionnaires et de profiteurs de tout genre mais rien de plus. Notre pays ne peut faire l'économie d'un dialogue sérieux ou seront impliqués tous les courants d'opinion et l'ensemble des acteurs de la scène politique nationale, y compris et peut être surtout ceux qui se réclament de la mouvance islamique, compte tenue du fait largement établi qu'ils forment l'ossature de l'opposition populaire a un régime perçu comme laïciste et pro-occidental.

Notre pays ne peut et ne doit denier a l'Islam sa dimension politique et sociale qui soutend le combat des « islamistes » ni vouloir coûte que coûte contenir son interprétation dans l'école Malékite quelque soit par ailleurs son caractère prestigieux et enracinée dans la tradition mauritanienne et le respect et la vénération que tout musulman doit avoir pour l'Imam Malick ibn Anass. Ce que les spécialistes appellent l'islam politique ou l'irruption de la religion dans la sphère politique et institutionnelle est une réalité incontournable dans l'espace arabo-islamique. Notre pays doit s'y adapter et ambitionner d'offrir un exemple de démocratie ou les principes républicains sont intégrés à notre tradition islamique reconnue pour sa tolérance et son rejet dela violence. Il serait, par contre, contreproductif d'engager une guerre de 100ans pour éradiquer un phénomène si intrinsèquement lié à la société et à l'histoire. D'autres pays ont tenté l'aventure, y ont engloutis des ressources considérables et n'ont récolté que drames humains et économiques sans que le problème de fond ne soit résolu. La police politique doit impérativement arrêter le harassement des leaders d'opinion et inscrire son action dans la légalité constitutionnelle, sinon elle se mettrait en déphasage par rapportaux efforts entrepris pour donner un nouveau souffle à un processusdémocratique largement vidé de son contenu.

Published by forum diaspora May 2005
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