Published by Cridem, Tribune May 2008
Quand le premier Gouvernement de l’ère démocratique a été formé, il n’y avait pas l’excitation et l’enthousiasme des grands moments. Le Président de la République a certes tenu à écarter des premières loges de son administration les hommes qui symbolisent le plus la gabegie et la corruption mais pour les partisans du renouveau, il n’y avait pas de quoi pavoiser. Les Ministres n’avaient ni les compétences et les qualifications bien établies des technocrates, ni la légitimité des élus et des vétérans de l’activisme politique. Ils ont tous, à l’exception des ministres issus des rangs de l’APP, servi avec abnégation et sans état d’âme, dans la pure tradition du carriérisme froid et calculateur, un système politico-administratif responsable de la situation calamiteuse sur tous les plans dans laquelle se trouve notre pays. Il était clair pour les observateurs avertis que l’aspiration au changement telle qu’exprimée par les populations durant les différentes consultations électorales ne sera pas satisfaite malgré la rhétorique officielle et la volonté affichée de ne pas heurter les sentiments d’un peuple longtemps assujetti a l’humiliation par la terreur de l’exclusion. Des mesures historiques comme le retour des refugiés mauritaniens vivant au Sénégal et au Mali et la criminalisation de l’esclavage, crédit indéniable a l’actif de l’actuel Gouvernement passent presque inaperçues devant l’accumulation des bévues et la dégradation des conditions des ménages. Les gesticulations actuelles de la classe politiques n’augurent rien de bon. Les plus vocaux parmi les critiques du Gouvernement qui se proposent comme alternative suite à l’incapacité de ce dernier à mettre en œuvre le programme du Président de la République sont des hommes et des groupes connus pour leur participation active, dans le pillage des deniers publics et l’asservissement des populations. Ils n’offrent aucune perspective encourageante pour le pays et leur mise en avant achèvera le processus de réhabilitation du système politico-administratif tel qu’il existait avant le 03 Aout 2005. Comment en est on arrivé a ce point ?
Le Gouvernement de Zein Ould Zeidane avait le choix stratégique d’inscrire son action dans une dynamique nouvelle faite de volontarisme, de communication et de recherche de l’efficacité pour convaincre et susciter l’adhésion aux reformes indispensables à la remise sur les rails de la nation mauritanienne. Zein en avait le profil. Jeune et dynamique, politiquement vierge, le Premier ministre pouvait facilement faire oublier ses connivences suspectes avec certains milieux d’affaires à l’ origine d’une carrière fulgurante et prouver sur le terrain la pertinence de son slogan de campagne « la force du changement ». Le Président de la République l’aurait certainement soutenu dans cette voie plus en phase avec le programme sur lequel ce dernier a été élu. Le peuple aussi, aurait été enthousiasmé et revigoré, une manière certaine de l’éloigner davantage de la révolte et de la dépression.
Le premier Gouvernement de l’ère démocratique a cependant choisi autrement. Il a systématiquement opté pour la continuité avec les hommes et les méthodes des Gouvernements qui l’ont prédécédé, et s’est installé, des le début, dans la gestion de la routine reculant aux calendes grecques les reformes difficiles mais incontournables sur lesquelles il était très attendu. Il a, ainsi, non seulement, porté préjudice à la nation tout entière et à cette légitimité qui fondait sa particularité démocratique et lui conférait un magistère moral, sans précédent dans les annales de notre histoire mais aussi à cette partie de l’élite compromise qui voulait sincèrement tourner la page et s’insérer dans le processus de rédemption offert par l’élection du Président de la République, candidat par défaut d’un système politico-administratif qui ne s’est apparemment pas encore réellement convaincu de la nécessité d’en finir avec les méthodes surannées de nos fossoyeurs d’hier. Un an après, le premier gouvernement de la Mauritanie contemporaine à se prévaloir d’une réelle légitimité démocratique semble s’enliser dans la gestion expéditive des urgences et parait incapable de reprendre l’initiative, jetant ainsi le doute voire la confusion et le désarroi chez la majorité de ses administrées quant a ses capacités de relever les défis de cette phase critique du développement de notre pays. Pourtant, les occasions ne lui ont pas manquées pour marquer sa différence mais elles n’ont été jamais saisies. Les raisons de cette démission ou ce refus d’agir n’ont jamais été expliqués, le Gouvernement préférant le mutisme a la communication comme « au bon vieux temps », comme pour signifier a ses détracteurs « les chiens aboient, la caravane passe ».
La drogue et le terrorisme
Quelques semaines après la nomination du Premier ministre, des quantités énormes de drogue sont saisies, par pur accident, à l’aéroport de Nouadhibou. Des trafiquants pris en flagrant délit de possession de narco-substances furent appréhendés, alors que d’autres eurent suffisamment de temps pour s’enfuir. Des affaires similaires se succèdent qui donne la mesure de l’ampleur du phénomène. Le Gouvernement reste paralysé. Sa réaction molle à un phénomène dangereux présentant des menaces sérieuses pour la sécurité et la stabilité nationales jette les premiers doutes sur, sinon sa volonté, du moins, sa capacité à confronter les véritables problèmes du moment.
Seuls les néophytes sont surpris par l’ampleur du phénomène. La drogue dont la consommation locale reste limitée est néanmoins source de gros revenus pour un nombre croissant d’individus et alimente des circuits financiers et commerciaux importants. Elle est derrière de grosses fortunes amassées en un temps record par des hauts fonctionnaires de la police, des hommes influents du milieu des affaires et une petite clique de jeunes oisifs exhibant un luxe d’une extravagance insolente. Elle a longtemps été tolérée suivant un raisonnement cynique fondé sur une logique biaisée : étant donnée l’inexistence d’un marché de consommation locale, le potentiel de nuisance pour le pays est par conséquent minimal et la marge de profit maximale. Le trafic des stupéfiants ne représentait pas un danger immédiat pour le régime en place. Les Gouvernements successifs ont laissé faire. Le commerce de la drogue fleurissait et avec lui les facilités de payements pour une consommation ostentatoire de plus en plus visible et répandue qui excitait l’appétit des Mauritaniens pour l’argent facile et détournait un nombre grandissant d’entre eux des voies classiques de génération des revenues.
Quand l’affaire Ould Haidalla éclate, la question était de savoir si le phénomène de la drogue était circonscris a des segments marginaux de la société ou si, par contre, ce dernier a pénétré les rouges de l’Etat a un niveau élevé. Les inquiétudes ne manquaient pas. Les plus pessimistes craignaient que la Mauritanie ne fût déjà un Etat narcotrafiquant, un statut auquel le prédispose sa situation géographique, l’appétit pour l’argent facile de ses fonctionnaires, la faiblesse structurelle de ses services de sécurité et la déliquescence généralisée de son système judiciaire. L’opinion voulait savoir et surtout espérer que l’Etat fasse preuve de fermeté et de compétence dans le traitement de la première question de taille qui met à l’épreuve les nouvelles autorités élues du pays. Le Gouvernement sera évalué sur sa capacité de démanteler les filières de la drogue, d’arrêter et de juger les coupables et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur a toutes les personnes physiques ou morales impliquées dans le trafic des stupéfiants. Les performances n’ont pas été au rendez-vous comme chacun peut s’en apercevoir.
Ould Haidalla croupit en prison au Maroc. Tous ses complices sont en dehors de l’emprise de la Justice mauritanienne. Ceux qui furent arrêtés s’évadèrent. Les ramifications de l’affaire restent un secret d’Etat. Le Gouvernement a refusé une commission d’enquête parlementaire. La commission administrative désignée par le Chef de l’Etat a été incapable de produire un rapport final. Les principaux chefs de la police sont restés à leurs places s’ils n’ont pas connu de promotions. L’affaire est classée, oubliée. L’impunité continue et avec elle le danger de la drogue. Il y a quelques semaines, une cargaison de drogue a été saisie, encore a Nouadhibou. Ses propriétaires n’ont même pas été inquiétés. Ils se sont tranquillement éclipsés. L’événement est même passé inaperçu.
Il faut dire que le pays vit depuis plusieurs mois sous l’emprise de la menace terroriste. Le principal détenu dans l’affaire de l’assassinat des français dans les environs d’Aleg s’est évadé des mains de la justice avec une facilite déconcertante au moment ou les services de sécurité sont supposés être en alerte maximale, la Mauritanie reçoit un visiteur de taille, Son Altesse Hamad Al Thani, l’émir de Qatar. Les tentatives de recapturer le désormais tristement célèbre Ould Sidina, ont couté la vie a un officier de police, tombé sur le champ de bataille et placé le pays dans la psychose de la guérilla urbaine. Des tirs d’armes automatiques en abondance et surtout la mort d’un jeune homme tué accidentellement par des éléments de la police. Les forces de l’ordre peu entrainées a une pareille situation ont pour un moment donné l’impression d’être complètement dépassées avant que leur moral ne soit rehaussé par la dernière opération qui a permis de mettre sous les verrous tous les éléments de la cellule terroriste. Il est à craindre que ces criminels d’un type nouveau ne répondent de leurs actes barbares devant la loi, l’impunité continuant à être la règle tant dans les domaines politique et administratif que judiciaire.
La drogue et le terrorisme sont des phénomènes souvent très liés. Les terroristes se financent par les activités crapuleuses de toute sorte, y compris le commerce des stupéfiants, pourtant interdit par la religion de laquelle ils croient tirer leur inspiration macabre. Les synergies et connections réelles entre ces deux dangers constituent les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur la sécurité et la stabilité de notre pays en particulier et la zone sahelo-magrebine en général. Les jihadiste et les narcotrafiquants ont en commun d’exploiter la misère humaine et la violence dans toutes ses formes pour arriver à leurs objectifs. Ils ont montré dans plusieurs pays une formidable et effroyable capacité de coopération en dépit des différences idéologiques qui pourraient suggérer qu’ils sont aux antipodes les uns des autres. D’ailleurs l’attitude peu agressive du Gouvernement a l’encontre des trafiquants de drogue a été vite interprétée par les réseaux dormants de Al-Qaïda comme un signe de faiblesse suffisant à leurs yeux pour déclencher un campagne de terreur sans précédent, au nom d’une vision de l’Islam complètement étrangère au vécu local et à l’interprétation malékite des textes islamiques de base que sont le Coran et la Sunna.
Le Gouvernement ne peut faire l’économie d’une guerre sans merci contre les réseaux de la criminalité organisée. Le plutôt sera le mieux avant que les entreprises du crime n’établissent des connexions profondes dans le tissu social et ne deviennent indéboulonnables. C’est une course contre la montre dans un pays qui connait des transformations profondes sous l’effet de facteurs endogènes et exogènes sur lesquels il n’a pratiquement pas de contrôle. Autrement la révolte des pauvres et des laissés-pour-compte, jusque la bénigne, enfantera des zones de non-droit, autonomes et réfractaires à l’autorité de l’Etat, qui deviendront le refuge idéal pour les infrastructures de terreur et trafics de tous genres.
La rébellion des pauvres et des laissés-pour-compte
Six mois après la nomination de Zein Ould Zeidane et la formation de son équipe et seulement quelques jours après que celui-ci, dans une conférence de presse largement médiatisée, fasse un bilan très positif de l’action de son Gouvernement, des manifestations spontanées de ras-le-bol éclatent dans les régions reculées de l’Est, le propre fief du Premier Ministre et traditionnel réservoir de soutiens pour les régimes en place. Ces manifestations d’une violence inconnue auparavant se propagent comme une traînée de poudre à d’autres zones du pays faisant craindre en an moment le pire, une intifida généralisée que n’aurait stoppée qu’un retour au pouvoir des hommes en uniforme. Un scénario catastrophe que beaucoup encore influents dans les hautes sphères de l’Etat espèrent secrètement tant il leur offre le seul vrai rempart contre le regard du peuple et l’exigence de rendre des comptes.
Devant une crise subite qu’il n’a évidemment pas prévu, le Gouvernement a réagi rapidement. Des mesures ont été prises pour calmer la situation. Les appels en sont sein pour designer comme d’habitude des boucs émissaires et faire comme si de rien était n’ont pas eu de suite. Le Président de la République a en personne exprimé sa compréhension pour la réaction d’une population pressée jusqu'à la limite du supportable par une conjoncture économique difficile. Mais le mal est déjà fait. Des dégâts matériels énormes, de nombreux blessés aussi bien dans les rangs des manifestants qu’au sein des forces de maintien de l’ordre et surtout la mort tragique d’un jeune homme à la fleur de l’age qui était certainement loin d’imaginer que les agents publics chargés de sa propre sécurité aller lui tirer dessus à balles réelles. C’est le cout élevé de l’imprévoyance d’un Gouvernement qui a vite oublié que gouverner c’est d’abord prévoir.
Un plan confectionné sous le sceau de l’urgence a été mis en place. Le Gouvernement a décidé de puiser dans les maigres ressources de l’Etat pour distribuer des prébendes sous forme de dons de vivres aux populations et de subventions a la Sonimex, une société publique tombée aux oubliettes depuis les premiers programmes d’ajustements structurel et qui refait surface comme la panacée du jour. Ce plan n’a pas dérogé à la règle. Son impact sur le terrain est peu significatif. Le Senat vient de designer une commission d’enquête pour en savoir plus. Les populations n’ont rien vu de substantiel. Les conditions de ménages continuent à se détériorer. Un autre plan vient d’être annoncé par le Président de la République. Prions pour qu’il ait plus de succès. L’administration sensée le mettre en ouvre reste minée par les dysfonctionnements structurels et gangrenée par la corruption. Affaire à suivre.
La corruption et la bonne Gouvernance
Le Gouvernement s’est fourvoyé des le début dans des refontes de structures maladroites et coûteuses qui l’ont épuisé au commencement. Il s’est par la suite enlisé dans la routine et a été incapable de se distinguer des Gouvernements qui l’ont précédé sauf par l’énormité des ses couts de structures. Le nombre de département ministériels s’est accru de plus de 20%. Les organigrammes des Ministères montrent une tendance générale à l’hypertrophie. On ne lésine pas sur la création des postes de chargés de mission, de conseillers, de directeurs et d’inspecteurs généraux, de directeurs et d’inspecteurs tout court. La Présidence a donné l’exemple, en nommant plus d’une vingtaine de conseillers dont on ne sait pas exactement le rôle dans l’architecture gouvernementale, certains d’entre eux exhibent des qualifications indéniables, d’autres sont bons a rien. Un exemple suivi par la primature et les différents départements ministériels comme si l’urgence est de caser les amis et/ou le trop plein d’alliés politiques. L’efficacité et l’efficiente peuvent attendre, elles ne paraissent pas à l’ordre du jour.
Les Ministres beaucoup moins accessibles que leur prédécesseurs de la transition militaire se sont rapidement inscrits dans la logique de j’y suis, j’en profite, n’associant que leurs amis et protégés et remettant à plus tard l’exigence d’utilité, de justice et d’équité dans la nomination aux emplois publics. Ils ont profité de la faiblesse des services de la Présidence, le cabinet en particulier, pour clairement abuser des pouvoirs qui leur ont été délégués dans la nouvelle approche de déconcentration chère au Président de la République. Les tentatives de mettre de l’ordre dans certains départements se sont limitées à des mesures formelles d’application de textes et n’ont que rarement touché à la racine du mal qui ronge les services publics. Des salariés se sont retrouvés au chômage et des fonctionnaires au carreau à l’issue de mesures administratives ou dominent la précipitation, l’improvisation et l’arbitraire sans aucune référence à une stratégie globale de reforme convaincante. La masse des mécontents s’est gonflée en si peu de temps obligeant le Président de la République à monter au créneau pour défendre une équipe Ministérielle dont la plupart de ses membres lui était inconnus avant leur nomination.
Sentant son état de grâce s’effriter et pour contrer les agitations dans les milieux de l’opposition démocratique visant a récupérer le malaise populaire grandissant, le Gouvernement n’a pas trouvé mieux que de mentir au peuple en soutenant abusivement par la voix de ces membres qui ont le plus d’autorité en matière d’économie que la conjoncture est bonne et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Des déclarations tonitruantes qui ont laissé sceptiques plus d’un tant elles contrastent avec les faillites en série des entreprises publiques, l’état délabré des services de l’Etat et les conditions insoutenables de la vie des ménages. Elles ont laissé un mauvais goût d’autosatisfaction et de suffisance, propre à une propagande officielle désuète, qui a certainement agacé et énervé une population fatiguée, pressée jusqu’aux limites du supportable par une situation économique et sociale difficile a laquelle elle ne voit pas d’issue.
Le Gouvernement a promulgué une loi sur la transparence financière. Malgré ses insuffisances, elle reste un pas significatif dans la bonne direction. Elle n’est cependant pas prise très au sérieux par les principaux concernés, en témoigne le dernier communiqué du Ministre de la Fonction Publique et la modernisation de l’Administration qui demande a ces derniers de se conformer a la règle avant le 30 Mars 2008, faute de quoi, leur nomination pourrait être révoquée. Les déclarations de revenus des hauts fonctionnaires sont entourées du plus grand secret comme si il y avait quelque chose d’impudique à rendre public un revenu bien acquis. Il va falloir modifier cette loi pour la rendre plus agressive dans le sens d’une transparence totale. Que ceux qui veulent servir la nation s’astreignent à ce minimum de visibilité qu’est la déclaration de leurs biens et les voies de leur acquisition.
Même s’il est indéniable que le pillage à ciel ouvert des deniers publics qui était en vigueur avant le 3 Aout 2005 et dans une moindre mesure durant la transition militaire n’est plus ce qu’il était, force est de constater que l’environnement dans lequel se sont développées ces pratiques déplorables reste pour une large part en place. Les contrôles administratifs et judiciaires demeurent très déficients. L’impunité continue à être la règle. Rien ne permet de dire qu’un pas irréversible a été franchi sur la voie de la sécurisation du patrimoine de l’Etat. Des affaires comme celle de la raffinerie de pétrole ont défrayé la chronique sans que les responsabilités soient clairement définies et sans que personne ne paye pour ses fautes. Une ambiance qui justifie toutes les craintes d’un retour programmée à la case départ, à cette conception patrimoniale de l’Etat, vache à lait pour les laudateurs et serviteurs des princes du moment.
Les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat continue à être régis, à quelques exceptions prés, par les copinages, les affiliations politiques et la camaraderie. Le Gouvernement a promulgué un décret qui assujettit les nominations aux échelles intermédiaires de la hiérarchie administrative (directeur adjoint, chef de service, chef de division) a des critères d’ancienneté et de corps suivant une approche louable de soustraire ce genre de nomination de la pression des politiques. Sa conséquence la plus immédiate sera cependant de verrouiller cette partie de la chaine de commandement administratif sur les fonctionnaires recrutés le plus souvent suivant des procédures laxistes, voire irrégulières et en exclure pour de bon tous ceux qui n’ont jamais eu la chance de compétir aux emplois publics suivant des critères impersonnels de qualifications et d’aptitudes. Une manière pour le Gouvernement de faire porter à l’Etat le fardeau lourd du passif administratif légué par deux décennies de laisser aller, de clientélisme et de népotisme dans la Fonction Publique. Il aurait été plus juste d’entreprendre une large évaluation des personnels de l’Etat a travers des concours sérieux, de vérification de cursus scolaires et universitaires pour avoir la meilleure idée du potentiel existant et de ne faire entrer dans les corps de l’Etat, nouvellement constitués, que ceux qui ont fait la preuve de leur mérite.
Qu’il s’agit d’assurer la sécurité des biens et des personnes, de lutter contre la corruption, de rendre plus performants les outils de gouvernement, ou d’améliorer les services publics de base, les autorités nationales pêchent par manque de volontarisme et de courage. Leurs actions n’inspirent ni la confiance, ni l’adhésion et ne paraissent pas coordonnées. Il y a comme une vacance de pouvoir sur laquelle jasent tous ceux qui trouvent un malin plaisir à propager la rumeur sur les luttes de clans au sein du sommet de l’Etat. Le Président de la République parait confiné dans une citadelle assiégée par des loups qui ne veulent rien céder de leurs privilèges. Les hommes qu’il a sorti de l’ombre ne semblent pas en mesure de l’aider dans sa mission. Ceux qu’il a reconduits parmi les acolytes de ses prédécesseurs a la tète de l’Etat ne voient en lui qu’une parenthèse. Leur attention est déjà fixée sur le prochain chef de l’Exécutif qu’ils espèrent venir de la grande muette, le plus vite serait le mieux.
La Mauritanie ne peut faire l’économie d’une révolution, en douceur ou dans la peine, peu importe dans la manière dont elle est gouvernée. Le pays est menacé dans son existence. Le processus démocratique risque de capoter. Les institutions de l’Etat sont en complète déconfiture. Le projet d’Etat conçu et mis en chantier contre « vents et marrées » par Feu Moktar Ould Daddah et ses coéquipiers de la génération de l’indépendance se meurt sous nos yeux sans que les citoyens à titre individuels ou collectifs ne savent quoi faire pour sauver le plus grand acquis de la Mauritanie contemporaine.
Il y a un an, les mauritaniens ont fait confiance au Président de la République et l’ont investi de l’autorité suprême pour conduire la communauté nationale vers des lendemains meilleurs. Que des voix s’élèvent pour réclamer le retour de Ould Taya et que d’autres en appelle au sauveur Ely est en soi un indicateur du peu de progrès accompli durant cette première année de transition démocratique. Ceux qui gardent l’espoir continuent à croire qu’il ne s’agisse que d’un accident de parcours. Prions tous pour qu’il soit ainsi. Pour le premier Gouvernement de l’ère démocratique, l’échec n’est pas une option.
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