Thursday, October 1, 2009

Dialogue politique

J'ai lu dernièrement deux contributions émanant de deux de mes compatriotes dont les textes transpirent l'intelligence et la clarté des idées. Il s'agit de celle de Mr N'Gaide, « le dialogue est irrecevable » un intellectuel qui exprime, avec une plume talentueuse, une frustration et une révolte légitime partagées parla majorité de ses compatriotes. Et celle du professeur Lo gourmo, «le dialogue avance a pas assurées » qui défend l'espoir, auquel aussi la plupart nos concitoyens veulent adhérer, de voir enfin établi un canal de communication entre les protagonistes de la scène politique locale pour créer les conditions d'une meilleure gouvernance. Il y a là deux conceptions contradictoires qu'il va bien falloir concilier au risque de voir la strategie de dialogue n'etre qu'une tentative de recomposition du paysage politique au profit de certains jusqu'ici exclus des largesses bu Makhzen. Il n'est pas improbable que le Pouvoir tente ainsi de récupérer une partie de l'opposition démocratique dans le combat sans merci qu'il livre à la mouvance islamique pour mieux vendre l'idée de la « lutte contre le terrorisme » ou le combat « du bien contre le mal » cher a Georges Bush et compagnie. Dans ce cas, il s'agira d'une nième déception qui ne manquera pas d'avoir des conséquences fâcheuses sur le devenir national. Aussi, ce genre de dialogue est irrecevable.

La rhétorique radicale est avant tout le résultat d'une déception profonde et d'une perte absolue de confiance dans les institutions nationales. Elle n'est pas forcement le refus du dialogue et peut procéder d'une volonté de placer la barre très haut pour espérer le maximum de concessions. Elle peut parfaitement appartenir aux instruments tactiques de la contestation pacifique et peut même constituer une sorte de thérapeutique sociale si ses auteurs s'interdisent le mensonge, l'appel a la violence, le dénigrement et la diffamation. Son traitement n'est pas le discours mous évitant «les sujets qui fâchent » mais des actions concrètes et puissantes de nature a rehausser la crédibilité de leurs auteurs aux yeux de l'opinion publique nationale. Il n'y a rien de fondamentalement exclusif entre le dialogue et le radicalisme dans les idées. Ce qui importe le plus ce sont les intentions, le sérieux et le pragmatisme des protagonistes. Le problème, à mon avis, se situe aujourd'hui à un autre niveau, celui du déséquilibre flagrant entre un Pouvoir dominant qui n'a de compte à rendre à personne, pas même le Bon Dieu, et une Opposition légale réduite a sa plus simple expression incapable de faire quoique ce soit pour alléger la peine de ceux qui souffrent des excès de l'arbitraire et du non droit. Il est quelque peu triste que le lynchage médiatique et policier dont sont victimes certains imams et simples croyants se déroulent sous nos yeux sans que cela ne suscite une réaction vigoureuse de la part des formations politiques. J'aurai aimé au moins que Lo Gourmo et ses amis demandentl'audience du Chef de L'Etat pour lui signifier le caractère inacceptable des agissements policiers et leur impact sur « le moral des troupes » engagées dans le processus de pacification et informent l'opinion du résultat de leur démarche. La stratégie de dialogue n'a de sens que si ses tenants ont de sérieuses raisons de croire que le Chef de l'Etat est sensible à leurs arguments et qu'il est disposé à introduire une dose significative de transparence dans la gestion des affaires publiques. Dans ce cas, une démarche graduelle, bien expliquée, peut se comprendre et ses effets concrets et palpables finiront par convaincre les plus récalcitrants. Autrement, j'ai bien peur que nous pêchons dans le vide et que le pari de la raison ne tiendra pas face aux déchaînements des passions avec tous les risques de dérapages que cela fait courir a la stabilité d'un notre pays.


Published by forum diaspora May 2005
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